Des révélations historiques choquantes sur les conséquences désastreuses des de la Gerboise bleue et des autres essais nucléaires français au Sahara, dépassant de sept fois la puissance de Hiroshima, ainsi que la révélation des responsabilités partagées entre l’État français et le FLN…
Dans son ouvrage «À qui profite le crime nucléaire au Sahara ?», publié chez Alfabarre en 2021, l’auteur Chakib Abdessalam explore l’histoire méconnue des 17 essais nucléaires menés par la France au Sahara au 20ème siècle. En 334 pages passionnantes et édifiantes, vendues au prix de 25 euros, Abdessalam met en lumière les conséquences environnementales, sanitaires et politiques de ces expériences, dont les effets perdurent encore aujourd’hui.
Selon l’auteur, la France a procédé entre 1960 et 1996 à 210 essais nucléaires, dont 17 au Sahara et 193 en Polynésie. Le Centre saharien d’expérimentation militaire (CSEM) était situé à Reggane, une oasis à 700 km au sud-est de Colomb Béchar au Tafilelt oriental. Les trois premiers essais, réalisés en 1960, ont eu une puissance cumulée équivalente à sept fois celle d’Hiroshima.
L’explosion de la Gerboise bleue, la première bombe française, a entraîné des retombées radioactives qui ont touché l’Afrique de l’Ouest, la Centrafrique, le Congo, la côte espagnole, la Sicile et même le Japon. « « Ce n’est que la première mais déjà sa puissance est de quatre fois supérieure à celle d’Hiroshima apothéose de la sinistre deuxième guerre mondiale en 1945 au Japon. Deux jours plus tard, l’Empire chérifien rappelle son ambassadeur accrédité à Paris. Côté Fln, pas la moindre réaction. Ce qui est somme toute normal puisque le Sahara ne le concerne pas.
Il n’est pas encore attribué par le distributeur de territoires. » souligne Mekkaoui. Le livre dénonce le silence et la manipulation des opinions publiques, ainsi que l’inaction des acteurs politiques de l’époque, notamment le FLN. Abdessalam souligne que ce dernier n’a pas réagi aux essais nucléaires français, considérant le Sahara comme un territoire ne les concernant pas. L’auteur dévoile également une carte de l’armée française de 1960, déclassifiée en 2013, qui illustre l’ampleur des retombées radioactives des essais au Sahara. Ce document soulève des questions sur la dissimulation des informations et la transparence des autorités françaises pendant plus d’un demi-siècle.
Histoire secrète
D’ailleurs, le livre révèle les conditions de travail difficiles et dangereuses des travailleurs Touaregs dans les mines d’In Ekker, où les essais nucléaires français ont eu lieu. Les français leur a fait croire qu’ils travaillaient dans des mines d’argent, alors qu’en réalité, ils étaient exposés au plutonium, un métal lourd radiotoxique dont la radioactivité peut persister pendant des milliers d’années. Les protections étaient insuffisantes et de nombreux travailleurs n’avaient aucune protection contre les radiations. Cette situation a conduit à des conséquences graves pour leur santé, avec des travailleurs nécessitant des soins médicaux et des suivis techniques sur le long terme. L’auteur souligne que ni l’équité, ni la réconciliation ne peuvent effacer les séquelles de ce crime abject et écologique, qui a eu des répercussions durables sur l’environnement et la santé des populations.
En plus des aspects politiques et environnementaux, le livre met en lumière les conséquences sanitaires de ces essais sur les populations locales et les retombées radioactives sur la faune et la flore. Chakib Abdessalam met en garde contre l’inaction face à ces catastrophes écologiques et humaines, et appelle à une prise de conscience collective et à la responsabilisation des acteurs impliqués, à savoir principalement la France et l’Algérie. «À qui profite le crime nucléaire au Sahara ?» constitue un témoignage précieux sur un épisode sombre de l’histoire contemporaine et un plaidoyer pour la vérité et la justice envers les populations affectées.
En conclusion, le livre de Chakib Abdessalam est une oeuvre de référence pour ceux qui s’intéressent à l’histoire des essais nucléaires, aux questions géopolitiques et aux enjeux environnementaux. Il ouvre la voie à de nouvelles recherches et débats sur les responsabilités partagées entre l’État français et le FLN, et sur la nécessité de prendre en compte les souffrances des victimes de la Gerboise bleue et des autres expériences nucléaires.