Où que ce soit dans le monde, l’inflation est relativement stable depuis les années 2000, voire tend à baisser. Les ruptures des chaînes d’approvisionnement provoquées par le Covid-19 ont un temps ravivé les craintes d’un retour de l’inflation. Mais, malgré quelques tensions inflationnistes qui ont eu lieu pendant le confinement, c’est davantage un risque de déflation qui guette, nourri par l’atonie de la demande des ménages.
Ménages notamment les plus pauvres qui ont eu tout le mal à satisfaire leurs besoins les plus élémentaires. La période du confinement a été tellement dure pour certains ménages pauvres qu’ils ont perdu tout espoir de survivre. D’ailleurs, même si un début de déconfinement a parmi à certains d’entre eux de reprendre vie, rien aujourd’hui ne permet de soutenir que leur situation s’améliorera dans les jours à venir.
Cette situation qui se constate chaque jour sur le terrain, notamment auprès des commerçants en manque de clientèle solvable n’apparait pas dans les indicateurs macro-économiques publiés par nos organismes publics produisant nos statistiques officielles.
Aussi, les projections macroéconomiques de Bank Al Maghrib, qui restent entourées d’un degré exceptionnellement élevé d’incertitude compte tenu de la conjoncture, et qui font clairement ressortir une forte contraction de l’économie nationale cette année suivie d’un certain rebond en 2021, n’en tablent pas moins sur une inflation maîtrisée.
BAM affirme qu’au regard des fortes incertitudes qui entourent l’évolution de la conjoncture économique à la fois au plan national et international, elle assurera un suivi étroit de la situation inflationniste et procédera à l’actualisation régulière de ses projections et à l’identification des scénarios d’évolution probables.
Pour l’instant, après s’être établie à 1,4% en moyenne au premier trimestre 2020, l’inflation, mesurée par la variation du nouvel indice des prix à la consommation base 100 en 2017 mis en place par le HCP en mai dernier, est revenue à 0,9% en avril en lien essentiellement avec le repli des prix des carburants et lubrifiants.
A moyen terme, et dans un contexte de faibles pressions inflationnistes émanant de la demande et des cours bas des matières premières, elle se maintiendrait, selon les prévisions de BAM, à un niveau modéré autour de 1% aussi bien en 2020 qu’en 2021.
La faiblesse des prix du pétrole dans le monde contribue certes à tirer les prix vers le bas, mais, le Covid mis à part, des tendances plus structurelles contribuent à la stagnation des prix. A commencer par la mondialisation, qui permet de produire des biens à moindre coût.
Le risque? Que l’anticipation de baisse des prix par nos acteurs économiques ne les conduise à reporte toutes leurs décisions d’achat ou d’investissement, accentuant encore la baisse des prix et anesthésiant ainsi la possibilité d’une relance.