Un collectif de chercheurs universitaires a alerté, dans un rapport, sur l’accélération des inégalités à cause de la crise sanitaire. Selon lui, le taux de pauvreté est passé de 3,33% à 34,8% (scénario pessimiste).
68pour cent des contaminations au Covid- 19, directs et indirects, au niveau de la région Casablanca-Settat, proviennent de milieux professionnels. C’est ce que révèle un récent rapport réalisé par un collectif de chercheurs membres de l’Equipe de recherche en économétrie appliquée (ERECA) de l’Université Hassan II de Casablanca.
Selon le document de 89 pages, le milieu urbain est plus vulnérable que celui rural, à cause de l’apparition de plusieurs clusters industriels. D’ailleurs, les régions caractérisées par une forte proportion d’actifs occupés se positionnent en tête de liste des régions les plus vulnérables face au virus. Cette analyse a permis de mettre en évidence la précarité de l’emploi apparue dans certains milieux professionnels, qui se reflète par le non-respect des mesures sanitaires et de la distanciation physique, donnant ainsi naissance à des clusters, regrettent les rédacteurs du rapport, intitulé «Crise sanitaire et répercussions économiques et sociales au Maroc».
Outre la précarité de l’emploi, le rapport tire la sonnette d’alarme sur le creusement et l’accélération des inégalités et de la vulnérabilité des Marocains. Les chercheurs ont estimé que le nombre de bénéficiaires des mesures gouvernementales a été considérable, puisque représentent plus de la moitié des ménages marocains, soit 58%. «Les résultats montrent que les actifs hommes et les ruraux sont plus exposés à ce risque que les femmes ou que les actifs urbains», souligne le rapport.
Les auteurs simulent ensuite les baisses de consommation pour les actifs qui ont cessé leurs activités et ceux qui ont pu poursuivre leurs activités, puis sur les ménages en proposant plusieurs scenarii selon que les ménages comportent un ou plusieurs bénéficiaires des aides de l’Etat (affiliés au RAMED et/ou à la CNSS ou encore actif dans le secteur informel). Les résultats montrent que les mesures prises suite à la crise sanitaire et aux dispositions de confinement, ont conduit à une relative atténuation de la dégradation des niveaux de vie des classes aisées mais pas à une réduction des inégalités. Les résultats montrent que, durant le confinement, le taux de pauvreté est passé de 3,33% à 34,8% (scénario pessimiste) et 29,4% (scénario optimiste). Ce taux enregistre des valeurs de 27,6% (scénario pessimiste) et 21,7% (scénario optimiste) après l’octroi des aides.
Par secteur d’activité, le rapport indique que les secteurs les plus touchés sont ceux de l’industrie du textile et du cuir, de la mécanique et de la métallurgie, de l’électrique et électronique ainsi que la restauration et l’hôtellerie. Côté croissance 2020, la perte du PIB sera comprise entre 5% (scénario optimiste), 7,3% (scénario de base) et 9,6% (scénario pessimiste) par rapport à une situation où la crise du Covid-19 n’aurait pas eu lieu.
Les simulations montrent que les secteurs de l’immobilier, de l’hôtellerie et la restauration et de la construction sont ceux qui subissent le plus de plein fouet ce choc. Le choc sur l’emploi est important et correspond au doublement du taux de chômage national actuel (pour un taux d’activité inchangé). Les branches les plus touchées sont celles de l’agriculture (-416.000 emplois) qui emploie un nombre important de saisonniers, de l’industrie du textile-cuir (-204.000 emplois) et du commerce (-165.000 emplois).