COVID-19: inquiétante augmentation des cas

Même si le ministère de la Santé rassure, l’augmentation du nombre de cas de Covid-19 enregistrés n’est sans doute pas due qu’à celle du nombre de tests réalisés.

“Maîtrisée et stable”, c’est ainsi que le ministère de la Santé a décrit la situation épidémiologique nationale du Covid- 19 dans un communiqué publié dans la soirée du 27 juin. Des mots qui, comme on peut le deviner, se veulent rassurant, mais le sont-ils? Car ce qui a motivé cette sortie du département de Khalid Aït Taleb, lui qui d’habitude brille par son mutisme, ce sont bien entendu les chiffres alarmants de nouvelles contaminations. Rien que dans la journée du 28 juin, on comptait 109 nouveaux cas, respectivement répartis entre la région de Tanger-Tétouan-Al Hoceima -46-, celle de Rabat-Salé-Kénitra -20-, celle de Laâyoune-Sakia El Hamra -13-, celle de Casablanca-Settat -11- celle de Marrakech-Safi -9-, celle de Fès- Meknès -6-, celle de Guelmim-Oued Noun -5- et celle de Béni Mellal-Khénifra -1.

Ce qui porte le total à 11.986 recensés depuis le 2 mars et l’enregistrement du premier cas à Casablanca, à savoir un MRE d’Italie. Sur ces 11.986 cas, 3.036 sont toujours actifs. Pour le ministère, “l’augmentation récente du nombre de cas positifs est due à l’élargissement du dépistage collectif précoce et actif”. Ce qui est plausible: il faut à cet égard rappeler la stratégie lancée le 20 mai par M. Aït Taleb et qui vise à réaliser, sur trois mois, 1,79 millions de tests. Mais d’un autre côté, on ne peut faire l’impasse sur ce que l’on appelle les clusters industriels, c’est-à-dire ces foyers déclarés dans différentes unités de production du Royaume et dont les plus éloquentes sont celles de Frigodar et Nat Berry, réparties entre les communes de Larache, Ouazzane et Kénitra. Car c’est un secret de polichinelle que de nombreux employeurs rechignent à mettre les billes nécessaires qui feront en sorte de fournir à leurs salariés les conditions idoines pour les protéger au mieux du Covid-19.

Une deuxième vague?
Et si le ministre de l’Intérieur, Abdelouafi Laftit, a promis, tout au long des trois derniers mois, de sévir, puisque c’est lui qui chapeaute le dossier au niveau du gouvernement, appliquer strictement la loi sur l’ensemble du territoire revient à nettoyer les écuries d’Augias: des employeurs finiront toujours par passer entre les mailles qui en rusant, qui en bénéficiant carrément de complicités de la part de responsables locaux, comme de nombreux témoignages le rapportent.

Entretemps, le Covid-19 peut se propager à sa guise, surtout que dans 98% des cas, selon le ministère de la Santé dans son communiqué précité, il est asymptomatique, ce qui peut faire baisser la garde. Sommesnous donc prémunis d’une deuxième vague, comme le redoutent de nombreux experts de par le monde? Rien n’est moins sûr, et d’aucuns pronostiquent même un retour à tout moment du confinement dans certaines régions, du fait que le système national de santé n’est pas en mesure d’accueillir des malades qui se compteraient par dizaines de milliers. L’économie nationale ne le supporterait sans doute pas, et il revient à tout un chacun de faire le nécessaire pour qu’un tel scénario ne se produise pas.

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