Si la fête du sacrifice s’avère une véritable bouffée d’oxygène pour le monde rural, elle sera à haut risque cette année. En amont, les autorités compétentes ont mis en place plusieurs mesures préventives. Toutefois, au niveau du rituel de l’abattage, le risque de propagation est très élevé.
Le mouton aura un goût particulier cette année. Covid-19, baisse du pouvoir d’achat, craintes de contamination, réticence à voyager… Si certains Marocains ont annulé le rituel du sacrifice, la majorité s’apprêtent à le fêter la semaine prochaine. Et c’est tant mieux, ce rendez-vous annuel est considéré comme la seule véritable bouffée d’oxygène pour le monde rural. Les plus de 8 millions de têtes de bétail qui seront sacrifiées cette année, devraient engranger plus d’une douzaine de milliards de dirhams de revenus à des éleveurs qui craignaient l’annulation de cette fête. Une annulation qui avait été brandie à cause des risques sanitaires liés au Covid-19.
En tout cas, ceux qui fêteront le sacrifice cette année ont été invités par le ministère de l’Intérieur à plus de vigilance. Il a appelé les citoyens à ne traiter qu’avec les bouchers munis des autorisations délivrées par les autorités locales et à ne recourir à aucune autre personne afin d’éviter le risque d’infection. Ces autorisations seront délivrées aux bouchers professionnels et aux personnes saisonnières procédant au rituel du sacrifice, après leur soumission à des tests de dépistage du Covid-19.
La responsabilité des citoyens
Un appel de l’Intérieur qui aura du mal à être appliqué. En effet, certains bouchers sondés refusent d’effectuer ces tests de dépistage, jugés chers, selon eux. «On m’a demandé d’effecteur ce test pour qu’on me délivre cette autorisation. Un test qui coûte 500 dirhams. C’est hors prix de pour moi. C’est l’équivalent de trois abattages. C’est trop», nous commente un boucher qui nous confie qu’il a déjà eu plus d’une dizaine de réservations par des clients du quartier. Comment alors assurer le contrôle à ce niveau-là? Si les autorités ont mis en place plusieurs actions en amont, notamment au niveau des souks, pour assurer un respect des mesures sanitaires, lors de l’abattage, la responsabilité incombera principalement aux citoyens. Et c’est là où le bât blesse. Le risque d’apparition de nouveaux foyers épidémiques par résidences, quartiers et villes est omniprésent.
Un risque soulevé d’ailleurs par le Chef du gouvernement, Saâd Eddine El Othmani, qui a appelé les Marocains à ne voyager qu’en cas d’extrême d’urgence. «Je ne vais pas me déplacer à Casablanca fêter l’Aïd avec ma famille. Déjà, il y aura un énorme risque de contamination au niveau des gares routières. Je préfère rester à El Jadida au lieu de courir le risque de contaminer, à mon tour, toute ma famille. Je ne veux pas sacrifier la santé de ma famille», nous déclare Mehdi, salarié d’une grande entreprise, en mission à El Jadida. On parle d’ailleurs d’un reconfinement d’une dizaine de jours au niveau de certaines villes, à partir du premier jour de la fête.
Une rumeur que nous n’avons pas ni démentir ni affirmer. Quoi qu’il en soit, cette fête du sacrifice sera sous haute tension cette année. Au niveau de Casablanca, la commune de la ville, à travers Casablanca Prestations, assurera le service d’abattage aux Abattoirs de Casablanca, situés au boulevard du 10 Mars, à Sidi Othmane. L’abattage sera facturé 240 dirhams et l’hébergement du mouton 24 dirhams la nuit. Une solution pour ceux qui veulent minimiser les risques de contamination au Covid-19, puisqu’un dispositif a été mis en place «pour assurer l’opération de sacrifice dans le respect des mesures préventives instaurées dans le cadre de l’état d’urgence sanitaire de lutte contre Covid-19», souligne la société de développement local.
Le seul hic se situera, toutefois, au niveau de la capacité de ces abattoirs et qui ne peuvent accueillir, en principe, pas plus de 250 moutons, nous confie une source de Casa Prestations. Une capacité très en deçà des exigences d’une ville qui compte plus de 6 millions d’habitants. La fête du sacrifice sera-t-elle à haut risque cette année?.