La course à l'armement s'accentue entre l'Algérie et le Maroc

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Une situation inquiétante


Le surarmement dans la région, au Maroc et en Algérie, continue; il s’inscrit même dans un trend haussier pour les années à venir. Pour 2017, qu’en est-il précisément?

Les informations données dans le rapport 2016 de l’institut américain GFP, pour ce qui est de l’Algérie témoignent fortement d’une volonté de surarmement manifeste. Pour ce qui est de l’armée de terre, il faut compter 2.405 tanks, 6.754 véhicules AFV, 220 autres de type SPG, 270 d’artillerie et 176 lance-roquettes MLRS.

L’armée de l’air, elle, totalise 502 appareils répartis comme suit: 89 avions d’interception, 99 d’attaque, 266 de transport aérien, 68 de transport, 257 hélicoptères et 38 hélicoptères d’attaque. Quant à la marine, elle comprend 85 unités: 8 frégates, 13 corvettes, 6 sous-marins, 43 vedettes de défense. Le budget militaire est évalué à 10.570 millions de dollars. Il a pratiquement doublé depuis 2010, où il était de l’ordre de 5,67 milliards de dollars (3,5% du PIB).

L’Algérie s’est aussi engagée dans l’industrie militaire. Trois nouvelles usines d’armement sont pratiquement opérationnelles. Livrées par la Serbie, elles seront spécialisées dans la fabrication de munitions et d’armes légères. Ces trois unités sont venues renforcer trois autres datant des années 1980 (ECMK, à Kenchela; ERIS, à Seriana; et ONEX, à Miliana, destinée aux explosifs).

Appareils de dernière génération
A la fin décembre 2016, l’ANP a vu les forces aériennes recevoir les premières livraisons d’avions du dernier batch de Su-30 MKA commandés en 2014. Cette acquisition a permis à l’armée d’Alger de constituer la 12ème escadre multi-rôles avec trois escadrons déployés sur les bases aériennes d’Oum El-Bouaghi, Ouargla et Tamanrasset.

L’armée algérienne dispose aujourd’hui de 44 appareils de type Su-30 MKA spécialement modifiés pour ses propres besoins. En 2006, un contrat avait été signé pour 28 de ces appareils; 16 autres ont été commandés en 2010 en remplacement des Mig 29 SMT, rendus à Moscou pour des défauts de fabrication. Au total, avec la nouvelle commande, l’Algérie pourra ainsi aligner 4 escadrons de 58 appareils. Cette politique vient de s’illustrer de manière spectaculaire, à la fin 2016, avec la réalisation d’un nouveau Sukhoï destiné exclusivement à ce pays.

Depuis 2016, l’Algérie est entrée à la cinquième place des pays acheteurs d’armes alors qu’elle ne faisait même pas partie du top ten en 2015. Le rapport annuel du Stockholm International Peace Research Institue (SIPRI) donne des précisions sur ce programme de surarmement. L’Algérie se détache ainsi en première position, avec 46% de toutes les importations en Afrique, loin devant le Maroc (15%) et le Nigéria (5%).

En tendance, le phénomène relevé est la progression constante du budget militaire algérien, qui est aujourd’hui de l’ordre de 10 milliards de dollars alors que celui du Maroc tourne autour de 2 milliards de dollars.

Dans un souci d’équilibre, le Royaume a décidé depuis un an de mettre en oeuvre un grand programme d’équipement des FAR. D’ici 2020, pas moins de 18 milliards de dollars seront ainsi investis pour la défense, ce qui fait quelque 4 milliards par exercice annuel. C’est là une stratégie arrêtée par le Roi pour la modernisation des FAR dans ses trois composantes terrestre, aérienne et maritime.

Sont prévus des achats d’hélicoptères de combat, de nouvelles frégates, des sous-marins ainsi que du matériel ultrasophistiqué de télécommunications, Rabat a aussi prévu d’acquérir, d’ici 2020, 250 chars US de type Abrams, dont un premier lot a déjà été livré. Le budget militaire va croître dans les années à venir. Il devrait passer de 3,5 milliards de dollars en 2018 à 3,9 en 2022, soit un taux de croissance de 2,8%. Course à l’armement et même surarmement.

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