La Cour des comptes met à nu les abattoirs marocains
Une enquête dévoile la face cachée des abattoirs marocains. Le moins que l’on puisse dire est que le constat est alarmant. Malgré les efforts de mise à niveau du secteur entrepris par l’Etat.
Voilà une enquête de la Cour des comptes qui risque de faire des remous. Outre le fait qu’elle touche directement le consommateur, elle dévoile la face cachée des abattoirs marocains. Le moins que l’on puisse dire est que le constat est alarmant. Outre la saleté et les conditions hygiéniques dégradantes, nos abattoirs sont le fief de tous les dangers sanitaires. Ces insuffisances affectent, assurément, d’une manière directe la qualité des viandes et constituent un handicap majeur sur le chemin de la modernisation de l’activité de production et de distribution des viandes rouges. Et ce malgré les efforts de mise à niveau du secteur entrepris par l’Etat. En effet, ce dernier a fait de l’activité d’abattage l’un des principaux axes des deux contrats programmes, 2009-2014 et 2014-2020, conclus avec les professionnels de la filière des viande rouges.
Circuits clandestins
Le rapport de la Cour des comptes relate principalement des observations portant sur les contraintes liées à la mise en oeuvre du cadre juridique des abattoirs, l’inadéquation des sites d’implantation, leurs sous-équipements, la défaillance du contrôle sanitaire et les insuffisances de gestion. Ce rapport comporte également des recommandations de la Cour en vue de redresser la situation. L’une des remarques les plus fortes a trait à la quasi-absence du contrôle sanitaire. En 2016, la production totale des viandes rouges a été estimée à 550.000 tonnes alors que la quantité produite et contrôlée au niveau des abattoirs n’a été que de 300.029 tonnes.
Cette situation montre que plus de 45% des viandes produites ne proviennent pas des abattoirs et n’ont pas fait l’objet de contrôle. Une partie de ces viandes est issue de l’abattage rituel ou festif effectué directement par les ménages. Néanmoins, une part importante des viandes consommées non contrôlées proviendrait des circuits clandestins. En l’absence de statistiques officielles, ce phénomène serait imputable à une série de facteurs, notamment la multiplicité des taxes qui pèsent sur le coût, l’insuffisance du service rendu, la fuite devant le contrôle sanitaire et l’inefficience des contrôles et des sanctions.
Par ailleurs, selon des statistiques officielles, il est procédé au contrôle de 698 abattoirs sur les 898 structures d’abattage existantes au niveau national (dont 181 abattoirs municipaux, 3 abattoirs privés agréés et 714 tueries rurales). Il en résulte que 200 structures (un abattoir municipal et 199 tueries rurales) ne subissent aucun contrôle sanitaire.
En outre, il a été fréquemment constaté que les animaux introduits tardivement aux abattoirs ne sont pas enregistrés sur l’ordre de sacrifice et que le repos de 12 heures avant l’abattage des animaux n’est généralement pas respecté. Cette situation, qui ne permet pas de révéler les bêtes éventuellement malsaines, affecte négativement la portée de l’inspection et est de nature à présenter des risques d’insalubrité de la viande produite ou d’en altérer la qualité. Tout ça fait que, malheureusement, tout le circuit de production de la viande rouge n’est pas du tout conforme aux standards de la qualité. La santé des consommateurs se trouve ainsi en danger.