Va-t-on continuer d’alimenter la crise économique et sociale?

L’ÉTAT D’URGENCE SANITAIRE ENCORE PROLONGÉ

Jamais deux sans trois, dit l’adage. Ou plutôt, dorénavant: jamais trois sans quatre. Et qui sait encore, quatre sans cinq, cinq sans six, six sans sept,... en fait tout dépendra des autorités marocaines, qui comme chacun le sait s’apprêtent à prolonger, pour la troisième fois consécutive depuis le 20 mars, l’état d’urgence sanitaire. En effet, Saâd Eddine El Othmani devrait en faire l’annonce officielle ce 10 juin, date initiale de la fin de la troisième période de l’état d’urgence sanitaire, avant d’en donner l’explication le lendemain à la Chambre des représentants, puis cinq jours plus tard à la Chambre des conseillers.

On peut imaginer que le Chef du gouvernement excipera du souci “de préserver les acquis sanitaires”, comme le rapportent diverses sources médiatiques, mais, dans les faits, on peut se demander si eu égard à la situation épidémiologique actuelle cela se légitime vraiment. Ainsi, tous les indicateurs sont au vert, y compris le fameux taux de reproduction, qui équivaut au nombre de personnes contaminées en moyenne par un porteur du Covid-19 et qui se stabilise désormais à 0,7, soit ce que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) préconise elle-même pour procéder au déconfinement. Pis, ou mieux, la pandémie a perdu beaucoup de terrain, et on ne signale plus depuis belle lurette de cas dans de nombreuses régions du Royaume.

Certes, des sources citées par le journal électronique Le360 parlent d’“un assouplissement progressif”, mais comment y croire alors qu’en même temps les mêmes sources tiennent à ce que la liberté de déplacement, la liberté de réunion et la liberté de rassemblement demeurent aussi limitées qu’elles l’ont été au cours des dix dernières semaines, sans parler du maintien de la fermeture des cafés, des restaurants et des plages? N’y a-t-il vraiment pas possibilité de lâcher quelque peu du lest, tout en veillant, bien entendu, à ce que tout le monde continue de porter des masques, que les règles de distanciation sociale demeurent de rigueur aussi bien dans les espaces publics que, surtout, dans les entreprises -pour éviter notamment les fameux clusters industriels-, avec à la clé une multiplication des tests, comme vient d’ailleurs de l’entamer la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM) en partenariat avec le secteur privé? La France et l’Espagne, avec qui le parallèle est fait eu égard au maintien de l’état d’urgence sanitaire sur leurs territoires respectifs, ne sont pas ou plus aussi radicales dans leur gestion de la pandémie.

Il faudra, en tout état de cause, y réfléchir peut-être davantage, au risque d’alimenter une crise économique et sociale dont le Maroc n’a absolument pas besoin en ce moment, et ce de l’aveu même des responsables publics...

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