AFRICA SECURITY FORUM
Lors de cette troisième édition de l’Africa Security Forum, co-organisé par le think tank marocain Atlantis, présidé par Driss Benomar, de nombreux experts nationaux et internationaux ont mis en avant l’expérience du Maroc dans le domaine de la lutte antiterroriste.
La sécurité est devenue la plus grande priorité des hauts responsables politiques en Afrique. Boko Haram, Al Qaeda, et bien d’autres réseaux terroristes sèment la terreur dans ce continent qui tente de sortir de la misère et le sous-développement. Pour aider ces responsables à dessiner des stratégies de lutte contre ces organisations criminelles et lutter ainsi contre leur propagation, la 3ème édition de Africa Security Forum s’est tenue, jeudi 22 novembre 2018, à Rabat. Co-organisé avec le Forum international des Technologies de la Sécurité (FITS) et le think tank marocain Atlantis, présidé par Driss Benomar, l’Africa Security Forum constitue une plateforme d’échange et de rencontre entre les centres de recherche, les officiels et les grandes entreprises publiques et privées.
De nombreux chercheurs et experts en sécurité sous toutes ses formes: cybercriminalité, radicalisation et discours extrémistes, ont été présents pendant cette rencontre intellectuelle de haut niveau. Parce que le sujet est stratégique, le ministère de l’intérieur marocain s’est associé à ce forum avec un discours du ministre délégué à l’intérieur, Noureddine Boutayeb, prononcé en ouverture.
«Le Maroc a réussi jusqu’à fin septembre 2018 à mettre en échec environ 68.000 tentatives d’immigration clandestine et à démanteler 122 réseaux criminels actifs dans ce trafic», a affirmé ainsi Noureddine Boutayeb. Ce dernier a souligné que depuis 2002, plus de 3.300 réseaux criminels ont été mis hors d’état de nuire et quelque 2.000 embarcations de transport d’immigrants clandestins ont été saisies.
Une lutte inlassable
Le Maroc a innové en matière de gouvernance de la migration en lançant une initiative unique en son genre dans le sud de la Méditerranée ayant été marquée par la régularisation de quelque 50.000 migrants, lors des deux phases de l’opération de régularisation exceptionnelle réalisées en 2014 et 2017. A l’instar de nombreux autres pays, les principales menaces à la sécurité auxquelles le Royaume est confronté ont trait au terrorisme, à la criminalité transnationale, aux attaques cybernétiques et à la migration irrégulière.
Les services de sécurité ont démantelé depuis 2002 un total de 185 structures terroristes et procédé à l’arrestation de plus de 3.000 personnes. Parmi ces structures terroristes, plus d’une cinquantaine sont liées aux différents foyers de tension, notamment la zone afghano-pakistanaise, l’Irak, la Syrie et le Sahel. Le Maroc a été la cible des terroristes en 1994, 2003, 2007 et 2011. Ce qui a exigé une action énergique inscrite dans une démarche globale qui allie les actions de prévention visant à assécher les causes de l’extrémisme violent aux impératifs de la préservation de la sécurité et de la stabilité et du respect des droits humains et de l’exercice des libertés individuelles et collectives.
Le ministre délégué à l’intérieur indique qu’en complément de l’approche sécuritaire, le Royaume s’est engagé dans une stratégie visant à accompagner les ex-détenus terroristes prédisposés à réviser leurs idéaux et à rejeter toute forme d’extrémisme, à travers des programmes spécifiques dispensés dans les lieux de détention. Il s’agit particulièrement du programme de qualification «Moussalaha», impliquant les autorités publiques et plusieurs acteurs religieux et de la société civile, dont le Conseil national des droits de l’Homme, la Rabita Mohammedia des Ouléma, la Fondation Mohammed VI pour la réinsertion des détenus et l’INDH. Sur le registre de la criminalité transnationale, le Maroc mène une lutte inlassable contre les réseaux des trafics transfrontaliers, notamment le trafic de drogues et les contrebandes de tous genres, à travers une stratégie opérationnelle intégrant tous les acteurs.
Selon M. Boutayeb, la menace liée à la criminalité transnationale est encore amplifiée par le risque prouvé à maintes reprises de mutualisation des moyens entre les réseaux criminels et les groupes terroristes. Les enjeux liés à la cybercriminalité et à la sécurité des systèmes d’information sont stratégiques et touchent différents domaines économique, sécuritaire et différents acteurs (État, entreprise et citoyen).
Les performances des services de sécurité sont considérées, à cet effet, comme remarquables. Grâce à leur maîtrise de l’espace cybernétique, elles ont réussi ces dernières années à déjouer plusieurs plans terroristes qui allaient être exécutés, que ce soit sur le territoire national ou ailleurs.
Coopération bilatérale
Au volet de la coopération internationale, le Royaume a signé au cours des dernières années pas moins de 40 accords de coopération bilatérale dans les domaines de lutte contre le terrorisme et la criminalité organisée. De son côté, le ministre délégué aux affaires étrangères, en charge des affaires africaines, Mohcine Jazouli, souligne que l’esprit de partage devrait prévaloir dans les relations, non seulement Sud-Sud, mais également Nord-Sud, afin de permettre un transfert de savoir-faire, d’expérience et de bonnes pratiques vers les pays africains qui désirent, également, suivre le chemin du développement et de la croissance économique.
Développement socio-économique
Il a noté que cette coopération vise à accompagner les pays africains pour relever les nombreux défis auxquels ils font face et qui sont d’ordre sécuritaire, économique, politique et culturel. Pour le ministre, le Maroc s’inscrit résolument dans une volonté de se placer sur une trajectoire de développement socio-économique, grâce aux différents chantiers qu’il a entrepris, ajoutant que le Royaume a toujours exprimé la volonté de partager son expérience avec les pays du continent africain. De même, il a estimé qu’il faut cesser de voir la migration comme un problème, mais plutôt comme un levier de développement. Pour remettre les choses dans leur perspective, le Maroc abrite, sous l’égide des Nations-Unies, la première conférence intergouvernementale pour l’adoption du pacte mondial pour les migrations sûres, ordonnées et régulières, prévue à Marrakech les 10 et 11 décembre 2018.
Placé sous le thème «Redéfinir les axes de la coopération internationale face aux menaces du 21ème siècle», l’Africa Security Forum 2018 s’est décliné en trois axes majeurs, à savoir «Migration et développement socio-économique», «Cyber terrorisme, e-réputation et big data» et «Extrémismes et lutte contre la radicalisation». Une messe intellectuelle qui s’est bien soldée par des idées et des recommandations fort intéressantes qui vont dans le sens de la protection de la sécurité en Afrique.