La contestation reprend de plus belle


Deux jeunes morts dans les mines de Jerada


Bien qu’un plan de sortie de crise avait été annoncé par le gouvernement, la situation économiqueet sociale à Jerada empire jour après jour.

Alors qu’on s’attendait à une amélioration de la situation dans la ville de Jerada, sur le plan économique et social, après l’éclatement d’une révolte populaire dénonçant les conditions de vie lamentables des habitants, les choses semblent, en effet, empirer. Dimanche 3 juin 2018, deux jeunes sont morts suite à l’effondrement d’une galerie traditionnelle de plomb dans la commune de Sidi Boubker.

Les autorités locales, qui ont communiqué sur le drame, avancent que les corps des victimes ont été extraits de l’intérieur de la galerie par un groupe de leurs compagnons. Une des victimes, qui était toujours en vie, a été évacuée d’urgence au centre hospitalier universitaire d’Oujda, où elle a été placée à l’unité des soins intensifs, avant de rendre l’âme à cause de ses graves blessures.

Ville morte
Ce drame intervient à un moment extrêmement difficile où la tension sociale dans la ville ne s’est toujours pas éteinte. Des manifestations éparpillées ont eu lieu dans certains quartiers au lendemain de la mort des deux mineurs. Beaucoup se demandent comment des mines de charbon et de plomb sont toujours exploitées alors que les autorités avaient annoncé leur fermeture? Et surtout pourquoi n’y a-t-il pas encore de nouvelles opportunités d’emploi pour compenser la fermeture des mines? Sachant que le secteur minier est celui qui employait le plus de personnes. Malgré plusieurs visites ministérielles, notamment celle du ministre de l’énergie et des mines, Aziz Rebbah, mais surtout celle du Chef de gouvernement, Saâd Eddine El Othmani, qui s’était rendu à Oujda, pour annoncer des mesures d’urgence au profit de la population de Jerada, force est de constater que la ville vit toujours sur un brasier.

Jerada avait connu, mi-mars 2018, des affrontements violents entre les manifestants et les forces de l’ordre. On avait compté des centaines de blessés de part et d’autre. Au lendemain des heurts, jamais survenus dans la région, Jerada était devenue une ville morte. «Ici, les gens n’ont rien à perdre, ils sont très pauvres et beaucoup d’entre eux risquent leur vie dans les puits de la mort», explique Hassan Semmouni, membre d’une association locale de défense des droits de l’Homme.

Avant la fermeture à la fin des années 1990 de la mine, jugée non rentable, l’activité minière de la ville employait quelque 9.000 ouvriers et constituait alors la principale source économique. Depuis la fermeture présumée des puits, les jeunes continuent de s’y aventurer pour extraire du charbon à la main et le vendre à des négociants locaux, dotés de permis de commercialisation et surnommés localement les barons du charbon.

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