Les conclusions de la nouvelle enquête du Conseil supérieur de l’éducation sur le niveau scolaire des élèves permettent de conforter le ministre de l’éducation nationale, Chakib Benmoussa, dans ses choix pour la réforme du secteur éducatif.
Le Conseil supérieur de l’éducation, présidé par le conseiller royal Omar Azziman, sort une nouvelle enquête sur le niveau scolaire des élèves de la 6ème année primaire et de la 3ème année du collège. Une énième enquête qui apporte certes des éléments palpables sur les compétences linguistiques et scientifiques des élèves mais comme à son habitude, le conseil ne propose aucune solution pour remédier aux lacunes enregistrées.
Cette enquête a été réalisée en 2019 soit quelques mois avant l’éclatement de la crise sanitaire qui a provoqué une aggravation importante du niveau des élèves. En effet, suite à la fermeture prolongée des écoles pendant le confinement entre mars et juin 2020 et l’instauration de l’enseignement à distance ainsi que le report de la rentrée scolaire en octobre 2021, les parents ont constaté une baisse considérable du niveau des élèves, qui s’est accentuée avec les grèves à répétition des enseignants, notamment contractuels, dont la crise pèse toujours sur la marche normale des écoles.
Qualité des enseignants
Toujours est-il, l’enquête du Conseil supérieur de l’éducation intervient dans un contexte politique tourmenté marqué par la réforme proposée par le ministre de l’éducation nationale, Chakib Benmoussa, dont certaines décisions ont suscité de vives réactions des Marocains, notamment celle relative à la limitation de l’âge de 30 ans pour se présenter aux concours d’accès à la fonction d’enseignant.
M. Benmoussa invoque pour justifier ses nouvelles conditions l’amélioration de la qualité des enseignants, principal grief relevé par le Conseil supérieur de l’éducation pour expliquer le niveau bas des élèves du primaire et du collège. Couvrant une population de plus de 36.000 élèves scolarisés dans 1.500 établissements scolaires répartis sur le territoire national, l’enquête du Conseil supérieur a porté sur l’évaluation de quatre matières (arabe, français, maths et SVT) pour les élèves de la 6ème année primaire et les mêmes matières auxquelles s’ajoute physique-chimie pour les élèves de la 3ème année du collège.
Pour les premiers, qui sont scolarisés dans l’école publique, 42% seulement ont un niveau satisfaisant en arabe, 27% en français et 24% en maths. Quand on est scolarisé dans le secteur privé, le niveau est largement supérieur. Ainsi, 65% des élèves de l’école privée sont bons en arabe, 64% en français et 52% en maths. Pour les élèves du collège, le niveau est littéralement catastrophique. Ainsi, pour le secteur public, seulement 9% des élèves ont des connaissances satisfaisantes dans les cinq matières tandis que dans le privé, le niveau augmente à 60% pour le français et 40% pour les quatre autres matières.
Les résultats de cette enquête confirment ainsi l’effondrement du collège public qui ne parvient plus à inculquer les connaissances aux élèves marocains. Si le Covid a provoqué une chute brutale du niveau scolaire, il n’en demeure pas moins que les solutions ne sont pas encore connues pour remédier à un telle situation jugée lamentable pour le pays. Ni du côté du ministère de tutelle ni du côté de ce Conseil dont le rôle est strictement consultatif.