Le Conseil économique et social sonne l'alarme sur la pauvreté

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Les inégalités sociales se sont aggravées au Maroc


Les mouvements sociaux observés dans le Royaume, notamment à Al Hoceima et Jerada, montrent clairement que la pauvreté, le chômage des jeunes et les inégalités sont de moins en moins acceptées.

La lutte contre la pauvreté et les inégalités constitue une nécessité pour le maintien de la cohésion sociale et la stabilité politique. C’est ce que souligne avec force le Conseil économique et social dans son dernier rapport pour l’année 2017, rendu public samedi 22 septembre 2018.

Si la pauvreté monétaire a reculé d’une manière relativement significative, il n’en reste pas moins que la proportion des personnes concernées par la pauvreté multidimensionnelle et la vulnérabilité demeure élevée.
Malgré des résultats positifs sur le front de la réduction de la pauvreté, le Maroc reste, en effet, confronté à un niveau élevé de pauvreté subjective, surtout dans les zones rurales. Le clivage prononcé entre pauvreté subjective et pauvreté monétaire est un phénomène fréquent dans les pays en développement, qui révèle la complexité même du concept de pauvreté. À l’échelon du pays, le taux de pauvreté ressentie, c’est-à-dire la part des ménages se considérant comme pauvres, a augmenté entre 2007 et 2017, de 41 à 45%. La hausse la plus forte, de 15%, concerne les zones rurales, où ce taux ressort à 55%, ce qui signifie que plus de la moitié des ruraux se considèrent comme pauvres. Les proportions sont plus élevées chez les femmes (56%) et chez les jeunes de moins de 25 ans (58%). Globalement, 40% des ménages considèrent que la pauvreté a augmenté tandis que 64% estiment que les inégalités se sont creusées dans notre pays. Cette perception populaire contraste avec le recul de la pauvreté monétaire et les bonnes performances du PIB agricole.

Disparités territoriales
S’agissant des inégalités sociales, sur le seul plan économique, elles se situent à un niveau supérieur à la moyenne des pays comparables. Le constat est plus préoccupant lorsque les multiples dimensions des inégalités sont prises en considération, notamment l’aspect social, l’aspect genre et les disparités territoriales.

Les mouvements sociaux observés dans le Royaume, durant la période récente, montrent que la pauvreté, le chômage des jeunes et les inégalités sont de moins en moins acceptés. A Al Hoceima, les manifestations, réclamant du travail et des conditions de vie plus dignes, ont été plus violentes et plus longues. A Jerada aussi, dans l’Oriental, où les manifestants se sont heurtés aux forces de l’ordre. La même fièvre contestataire a gagné, dans une moindre mesure, d’autres régions du Royaume.

Dans ce contexte social très tendu, le renforcement de la justice sociale, de la reddition des comptes, de la bonne gouvernance, de la lutte contre la corruption et contre toutes les formes d’abus, devrait être de mise, en parallèle avec une action en profondeur pour corriger les inégalités économiques, sociales et territoriales existantes.

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