Conflit Libyen : Rabat rabiboche les belligérants

La fin de la guerre civile libyenne, en cours depuis 2011, semble en bonne voie, suite à l’entregent du Maroc pour réunir les différentes parties sur son sol.

Le conflit libyen, en cours depuis la chute de l’autoproclamé “Guide de la révolution” Mouammar Kadhafi en 2011, n’a jamais semblé aussi proche de se terminer. Et cela sans doute, on le doit en grande partie au Maroc. Car sans le Royaume, les belligérants ne se seraient, à coup sûr, jamais assis à la même table de négociations, en l’occurrence celle de la ville de Bouznika, pour se répartir les différents postes de souveraineté et ainsi “instaurer la stabilité dans le pays et mettre fin à la division institutionnelle”, comme le souligne la déclaration rendue publique par les concernés ce 7 octobre 2020 à l’issue de ce qui constituait leur deuxième round de tractations tenu sur le sol marocain après celui de début septembre.

Il ne faut, bien sûr, pas aller vite en besogne, car il ne faut pas oublier que les accords de Skhirat, également chapeautés par la diplomatie marocaine en décembre 2015, n’avaient pas empêché le conflit de perdurer, après notamment que le chef d’état-major de l’Armée nationale libyenne, Khalifa Haftar, se fut mis en tête de faire chuter le gouvernement de Fayez el-Sarraj issu pourtant de ces accords en raison de ses sympathies islamistes, mais il y a lieu de souligner qu’aucune autre médiation n’a, à ce jour, été aussi loin.

Principe de non-ingérence
C’est notamment le cas de celle de l’Allemagne, qui en fait, le 19 janvier 2020 à Berlin, avait davantage organisé une conférence pour répartir les zones d’influences entre les puissances étrangères intéressées, avec la Turquie et le Qatar pour appuyer M. el-Sarraj et, en soutien de M. Haftar, les Émirats arabes unis, l’Égypte, la France et la Russie, sans véritablement donner voix au chapitre aux belligérants. Et, éloquemment, le Maroc et même la Tunisie, pourtant frontalière et impactée à plus d’un titre, avaient été ignorés par le pays d’Angela Merkel. Le ministre des Affaires étrangères allemand, Heiko Maas, a d’ailleurs tenté, le 30 septembre, de rattraper le coup en conviant son homologue marocain, Nasser Bourita, à la réunion ministérielle tenue cinq jours plus tard par vidéo-conférence sur la Libye, mais ce dernier avait finalement décliné.

Le Royaume, et ce avant même les accords de Skhirat, a depuis le début mis l’accent sur l’importance que les Libyens eux-mêmes règlent leur conflit, et que la communauté internationale se contente, tout au plus, d’un rôle de facilitatrice, et ce dans le respect du principe de non-ingérence.

Cela l’avait d’ailleurs mis en opposition avec les Émirats -M. Bourita avait reconnu, en mars 2019, “des désaccords”-, alors même qu’il s’agit d’un pays ami et allié de belle lurette. Connaissant la neutralité du Maroc, les belligérants ont toutefois, été séduits, et c’est ainsi qu’on a vu aussi bien le gouvernement el-Serraj que le parlement de Tobrouk, au nom duquel M. Haftar mène sa soi-disant croisade anti-islamiste, sollicitant d’euxmêmes ses bons offices.

Dans leur sillage, le président de la Coalition nationale des forces de l’opposition et de la révolution syrienne, Nasr Hariri, avait également, récemment, fait appel à M. Bourita pour que Rabat joue un rôle similaire dans son pays, également en proie à la guerre depuis 2011.

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