Moins de 24h après la signature des accords de cessez-le-feu à Genève, le président du parlement de Tobrouk se trouvait à Rabat pour remercier le Royaume pour son rôle positif en Libye.
C’est donc l’entregent du Maroc qui aura fini par porter ses fruits en Libye, malgré la tentative de certaines parties de l’écarter du jeu dans le pays alors que c’est sur son territoire que les belligérants avaient signé leurs accords de paix du 17 décembre 2015, en l’occurrence ceux de Skhirat.
Vendredi 23 octobre à Genève, ces mêmes belligérants sont enfin parvenus, après plusieurs années de guerre et notamment l’offensive militaire de l’autoproclamé maréchal Khalifa Haftar, commandant en chef de l’Armée nationale libyenne (ANL), sur Tripoli, à un cessez-le-feu, moins de trois semaines après s’être réunis à Bouznika du 2 au 6 octobre- et avoir convenu dans la ville la répartition des principaux postes de souveraineté. Avant Bouznika, de premiers pourparlers avaient également eu lieu à Skhirat, début septembre.
En visite le 24 octobre à Rabat, soit le lendemain même de la signature du cessez- le-feu, le président de la chambre des représentants libyenne, Aguila Salah Issa, remerciait ainsi lui-même le Maroc pour ses “grands efforts” pour aider les parties libyennes à trouver un terrain d’entente, sachant que c’est au nom de l’institution qu’il dirige, plus connue sous l’appellation de “parlement de Tobrouk”, du nom de la ville de Cyrénaïque où il siège, que M. Haftar a mené sa soi-disant croisade anti-islamiste contre le gouvernement d’union nationale de Fayez el-Serraj.
Frontières maritimes
Trois jours plus tôt, le haut conseil d’État libyen, dont justement est issu ce gouvernement, avait également dépêché son plus haut représentant, à savoir Khaled al-Michri, dans la capitale, où le concerné avait lui aussi tenu des propos à l’avenant au sujet du Royaume. Dans moins de deux semaines et plus exactement le 9 novembre, ils devraient, cette fois, se retrouver à Tunis, qui doit accueillir une réunion de dialogue devant faire avancer davantage le processus de Skhirat.
Le Maroc, au même titre que les autres pays du Maghreb, ainsi que l’Espagne, la France, l’Italie, Malte et le Portugal devraient y prendre part, après que l’Organisation des Nations unies (ONU) a insisté pour que les pays voisins aient un rôle actif dans la résolution du conflit. Il reste, toutefois, à craindre que certaines puissances intéressées, pour ne pas citer la Turquie -qui, comme chacun le sait, a des vues sur une partie des hydrocarbures libyens situés à ses frontières maritimes-, essaient de miner le processus.
Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a ainsi émis des doutes sur le maintien du cessez-le-feu, considérant qu’il “manque de crédibilité”, ce qui signifie qu’il pourrait chercher à maintenir en Libye les mercenaires qu’il y déploie depuis janvier pour prétendument défendre les institutions du pays.