Commerce mondial: L'Afrique à la tête de l'OMC

La Nigériane Ngozi Okonjo-Iweala est la nouvelle directrice l’Organisation mondiale du Commerce (OMC), devenant ainsi la première femme et la première Africaine à occuper ce poste. Une belle consécration pour l’une des femmes les plus puissantes du Nigéria et du continent.

C’était dans l’air du temps, c’est désormais officiel. L’Afrique dirigera l’Organisation mondiale du commerce (OMC) durant les quatre prochaines années, par l’entremise de Ngozi Okonjo-Iweala. La nomination de cette économiste nigériane chevronnée a été annoncée lundi 15 février 2021 par l’institution onusienne, à l’issue d’une réunion spéciale de son Conseil général.

Cette dame, qui prendra ses fonctions à partir du 1er mars 2021 pour un mandat renouvelable qui expirera le 31 août 2025, est la première femme et la première Africaine à présider aux destinées du gendarme du commerce mondial. Créée en 1995, l’OMC a été dirigée par six hommes: trois Européens, un Néo-zélandais, un Thaïlandais et un Brésilien, Roberto Azevedo. Ce dernier avait démissionné en mars 2020 pour raisons personnelles et familiales.

Cette double casquette historique, l’heureuse élue n’en est pas peu fière. «C’est à la fois excitant et intimidant parce que je prends les rênes de l’OMC à un moment de grandes incertitudes et de défis», s’est-elle réjouie, lors d’une réunion virtuelle avec les représentants des pays membres de l’organisation. «À l’heure actuelle, l’OMC est confrontée à de nombreux défis et il est clair pour moi que des réformes profondes et de grande envergure sont nécessaires. On ne peut pas continuer comme avant», renchérit-elle.

Un beau parcours
Ce plébiscite constitue une belle consécration pour l’une des femmes les plus puissantes du Nigéria et l’une des plus influentes d’Afrique, maintes fois citée dans plusieurs classements. Elle fut à deux reprises ministre des Finances de son pays, deuxième économie du continent, et ministre des Affaires étrangères pendant deux mois. Mme Okonjo-Iweala a également travaillé pendant vingt-cinq ans à la Banque mondiale, qu’elle avait intégrée en 1982.

Candidate à la présidence de l’institution de Bretton Woods en 2012, elle avait échoué face à l’Américano-coréen Jim Yong Kim. Elle a été nommée, en juillet 2020, envoyée spéciale de l’Union africaine pour lutte contre la pandémie de Covid-19 sur le continent avec comme principale mission de mobiliser des soutiens à l’international pour faire face à la crise économique qui impacte plusieurs pays africains.

Cette nomination a bien évidemment été vivement saluée sur le continent, et au-delà. «Félicitations à mon amie Ngozi Okonjo-Iweala, qui est devenue la première femme directrice générale de l’OMC. Je connais Ngozi depuis de nombreuses années. Sa forte volonté et sa détermination l’amèneront à promouvoir sans relâche le libre-échange au profit des populations du monde entier», a écrit sur son compte twitter Christine Lagarde, ancienne DG du Fonds monétaire international (FMI) et actuelle présidente de la Banque centrale européenne (BCE).

Quant à Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, elle a salué, sur le même réseau social, ce «moment historique pour le monde entier», et exprimé sa fierté «de voir une femme d’Afrique à la tête de l’OMC». Toujours dans son tweet, elle indique que son département soutient la réforme de l’OMC et aidera la nouvelle directrice et son staff «à protéger les règles qui régissent le système commercial multilatéral».

Après les honneurs, place au labeur. La Nigériane de 66 ans en est consciente et souhaite être à la hauteur, dans un contexte marqué par une paralysie de l’institution. Ses principales priorités durant les 100 prochains jours: la réponse à la pandémie et à celles à venir, les subventions à la pêche et le règlement des défaillances du bras juridique de l’OMC. Top chrono !.

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