Trois cliniques privées sanctionnées, et après ?

Nouveaux tarifs des prestations COVID dans le privé

La tarification des prestations Covid dans les cliniques privées sera revue à la hausse par rapport à celle de base. Le reste à charge pour les patients sera réduit, certes, mais il demeure au dessus des moyens de milliers de malades aux revenus limités, guettés par le danger de mort.

Est-ce le moment de nourrir une polémique autour des frais des soins et prestations Covid des cliniques privées? Alors que les contaminations se répandent tel un cancer en métastase, provoquant une saturation inquiétante de l’hôpital public et en particulier au sein de ses services de réanimation, et au moment où tout le monde était soulagé de voir le secteur privé venir à la rescousse, un débat ou plutôt un faux débat s’invite au Maroc relatif aux tarifs des prestations Covid du secteur privé et qui doivent être revus à la hausse, comparés à ceux de base de l’assurance maladie obligatoire (AMO)!

Tout a commencé par la surfacturation exagérée et illégale par certaines cliniques. Cette aberration a créé une vague d’indignation des familles des patients Covid et des citoyens en général. Cela a fini par faire réagir le ministère de la Santé. Trois cliniques ont été condamnées à restituer une partie des frais qui ont été imposés aux patients après des enquêtes menées par l’Agence nationale de l’assurance maladie (ANAM) et l’inspection générale du ministère de la Santé.

Mais on n’en sait rien sur l’identité des cliniques objet de la sanction. Puis, le ministère de la Santé prend les choses en main. Les factures passent désormais sous sa loupe. Une commission centrale et des commissions régionales au sein des centres de santé, composée de l’inspection générale du ministère, de l’ANAM et de l’Ordre national des médecins, vérifiera désormais la prise en charge des patients atteints du Covid-19 dans les établissements cliniques privés. Tout dépassement sera sanctionné. Justice faite. Mais pas pour longtemps!

Convention nationale
Les cliniques privées se sont alors plaintes du fait que ces tarifs de base les pénalisent. Ainsi, une réunion de la commission permanente de suivi de la convention nationale de l’assurance maladie obligatoire, tenue mardi 24 novembre 2020, à laquelle les représentants des cliniques privées ont pris part, a conclu à la revue en hausse du forfait journalier pour la prise en charge des patients Covid dans les cliniques privées dans le cadre de l’AMO.

Le reste à charge des malades Covid ou leurs familles sera par conséquent réduit. Mais de combien? Concrètement, à titre d’exemple, la réanimation comme prestation clinique est facturée dans la nouvelle tarification à 2.500 DH/jour, contre 1.500 DH. Le tarif du séjour en soins intensifs passe à 1.500 DH/jour, contre 1.000 DH, majoré des prestations de pharmacie, de biologie, de radiologie ainsi que du forfait oxygène, des équipements de protection et du consommable spécifique à la Covid. Le tarif de l’hospitalisation médicale passe, quant à lui, à 850 DH/jour, contre 550 DH.

Le reste à charge pour les patients sera réduit, certes, mais il demeure en dessus des moyens de milliers de malades aux revenus limités (pouvant atteindre jusqu’à 15.000 ou 20.000 dirhams en fonction des cas du patient et de la durée de l’hospitalisation), guettés par le danger de mort. Du coup, le gouvernement doit trouver en urgence une solution à cette situation inextricable.

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