Président de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées au Sénat français, Christian Cambon s’élève contre les agissements de certains eurodéputés dont ceux proches du président Macron.
En tant que président du groupe d’amitié Sénat français-parlement marocain, vous venez de réagir aux dernières résolutions du parlement européen visant le Maroc. Que pouvez-vous nous dire de plus notamment par rapport à l’attitude des eurodéputés proches du président français ?
Christian Cambon : Comme vous l’avez écrit dans votre magazine (Maroc Hebdo N° 1473 du 10 au 16 février 2023) la résolution du parlement européen a été votée par les députés de gauche, comme d’habitude, mais aussi et surtout par ceux du groupe Renew (Renaissance) dont font partie les députés de la république en marche. Ce qui est assez étrange puisque ces élus en agissant de la sorte, sapent les efforts du président de la république qui s’apprête à effectuer une visite d’Etat au Maroc et qui compte développer davantage les relations entre nos deux pays. L’attitude des députés français du groupe Renew est incompréhensible.
C’est facile de jeter la responsabilité sur les seuls députés. Ils n’ont pas reçu de consignes de la part de la direction de leur formation politique ?
Christian Cambon : Je ne fais pas partie de la majorité présidentielle et cela me laisse assez de liberté pour dire ce que je pense. Les députés ont une certaine marge quand il s’agit de voter certaines résolutions. Les informations que j’ai sur le sujet sont des informations officielles, notamment la déclaration de l’ambassadeur de France au Maroc qui parle au nom de l’Etat français. Il a dit que le vote du parlement européen n’engage en rien l’Etat français.
Et il a ajouté que la France travaille pour consolider et développer le partenariat avec le Maroc. D’autres responsables français ont répété la même chose. Il ne faut pas mêler le président de la république française à cette histoire. Je dirais même que si M. Macron avait voulu s’en prendre au Maroc, il aurait réagi autrement. La France a beaucoup de difficultés en Afrique ces dernières années. Son seul partenaire fiable est le Maroc. Ce qui se passe au parlement européen relève plus de l’action de lobbys facilitée par la méconnaissance de la réalité marocaine par les eurodéputés.
Pourquoi il y a cette méconnaissance alors qu’une commission mixte existe entre le parlement marocain et européen. Et que fait le groupe d’amitié que vous présidez?
Christian Cambon : L’existence d’un comité ou de n’importe que structure ne veut pas dire que le travail est fait. Il y a bien une volonté royale et même des directives royales pour que le partenariat Maroc -Union européenne soit le plus efficace possible à tous les niveaux. Mais en parallèle, la présence du Maroc au parlement européen n’est pas assez forte. Il faut donc renforcer cette présence et multiplier les rencontres et les contacts avec les eurodéputés.
Cela permet d’anticiper certaines décisions. Pour ce qui est des relations avec la France, il faut que la visite du président Macron soit effectuée le plus tôt possible. Elle permettra de dissiper les malentendus et montrer à tout le monde que les rapports entre les deux Etats sont au beau fixe. Maintenant pour ce qui est du groupe d’amitié sénat français-parlement marocain, nous agissons pour expliquer aux députés français la réalité marocaine telle qu’elle est sur le terrain.
Tout homme politique français sait que le Maroc est un partenaire de choix, mais cela ne suffit pas. D’ailleurs, il y a quelques jours cinq députés français ont été à Laayoune et à Dakhla pour constater de visu ce qui se passe réellement et le retour que nous avons eu est positif. Le groupe d’amitié que je préside est le plus le groupe du genre au parlement français avec pas moins de soixante membres.
Partagez-vous l’avis des eurodéputés qui s’attaquent au Maroc au sujet de la liberté de la presse ?
Christian Cambon : Est-ce qu’il y a un député européen qui peut citer un pays où la liberté de la presse est réellement respectée ? En France, les journalistes sont soumis à toutes les pressions possibles et imaginaires. En Tunisie et en Algérie n’en parlons pas. Ceci sans évoquer les pays lointains… Certains eurodéputés font une fixation sur le Maroc. Pourquoi? c’est la question que tout un chacun peut se poser.