La chloroquine aurait fait des milliers de morts parmi les malades du Covid-19

Des conclusions à prendre avec des pincettes !

La chloroquine n’en finit pas de faire parler d’elle. Cette molécule initialement destinée à lutte contre le paludisme et préconisée contre le Covid-19 serait la cause de la mort de plus de 16.000 personnes. C’est le résultat d’une étude scientifique critiquée.

C’est une révélation qui risque de jeter le doute sur l’efficacité de l’utilisation comme traitement du Covid-19 de l’hydroxychloroquine, dérivée de la chloroquine, molécule initialement antipaludique, farouchement défendue par le Pr Raoult, directeur de l’IHU Méditerranée Infection à Marseille.

Le traitement miracle préconisé longtemps au début de l’épidémie du Covid-19 aurait-il causé des décès? Les résultats d’une nouvelle étude non encore rendue publique, menée par l’université de Lyon, et présentée le 16 juin 2022 devant le congrès de la Société française de pharmacologie et de thérapeutique (SFPT), ont été révélés, en partie, par l’agence d’information spécialisée dans le domaine de la santé APMnews et le journal Le Parisien.

Pendant la première vague du nouveau coronavirus, les chercheurs lyonnais ont analysé les cas de patients dans huit pays (Turquie, Brésil, France, Belgique, Espagne, Italie, États-Unis et Royaume-Uni), de mars à juillet 2020. Ils ont comparé le taux d’utilisation du médicament et le nombre d’hospitalisations.

Effets néfastes
Il en ressort que l’hydroxychloroquine aurait causé la mort de plus de 16.000 personnes. D’après Le Parisien, les scientifiques voulaient «estimer le nombre de décès causés par l’hydroxychloroquine dans le monde». Les chercheurs ont comparé le taux d’exposition des malades au traitement et le taux de mortalité. En France, l’hydroxychloroquine aurait été proposée à 6 à 16% des patients hospitalisés.

Résultat: 115 à 293 d’entre eux seraient morts. Le taux de mortalité oscillerait entre 6 au Brésil et 10.821 décès aux États-Unis. Les chercheurs estiment la mortalité dans ces huit pays à 16.274 décès lors de la première vague de Covid-19. Les lacunes de cette étude sont nombreuses. A titre d’exemple, on déplore l’absence d’une analyse détaillée de chaque patient et des taux d’hydroxychloroquine délivrée pour chacun.

Ensuite, les chercheurs ont mis fin à leur étude après la première vague. Et enfin, ils avancent que les décès sont dus aux effets cardiaques indésirables du traitement. Or, le Covid-19 a des effets néfastes sur le coeur.

Au Maroc, le 21 mars 2020, le ministère de la Santé avait autorisé le protocole de traitement thérapeutique à base de chloroquine ou d’hydroxychloroquine. Le traitement s’est révélé efficace car il réduisait énormément la charge virale du virus. Puis, au fil des mois, ce médicament a été banni de manière officieuse.

Tout bien pensé, il n’existe aucune étude exhaustive pour l’heure qui prouve la nocivité de la chloroquine. Toutes les études publiées jusqu’ici tendaient à démontrer l’inefficacité du médicament, sans plus. En février 2021, les conclusions de l’essai Solidarity, réalisé par l’Organisation mondiale de la santé sur 11.000 patients, publiées dans le New England Journal of Medecine, ont souligné que l’hydroxychloroquine a eu «peu ou pas d’effets sur les patients hospitalisés» comme sur la mortalité. Une contradiction qui incite à se demander si les politiciens et les laboratoires pharmaceutiques n’influent pas le cours de la recherche scientifique.

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