"Pour être amoureux, il faut être deux. Protéger sans s’en rendre compte, donner du temps et de l’attention, sans jamais s’en vanter. C’est au moment où l’on se sent supérieur dans ce lien à deux, que l’on s’approche de la fin. Et, aussi vrai que soit le changement, lorsque la relation se déchire, il subsiste en nous cette lueur: le souvenir que gardent les anciens amoureux”.

Ces anciens amoureux ne sont autres que Ali, un jeune homme passionné et romantique, et Sabrine, sa voisine depuis l’enfance, qui vivaient une relation sentimentale, jusqu’au jour où une incompréhension mystérieuse vint rompre l’harmonie que les deux tourtereaux avaient su créer. «Il était son jour, elle était sa nuit, il partît un jour, elle ne revint pas cette nuit. Ils gardèrent pourtant en souvenir, leur ami le crépuscule, ce passage merveilleux qui éblouit par sa beauté. Sa lueur tente de rattraper les deux âmes, mais ne réussit qu’à leur donner un point en commun. Faire penser l’un à l’autre, tout comme le souvenir des saisons vécues, sauf que la nature, elle, prévient ».

Il arrivait à Ali, nous dit l’auteure, « de se rassurer en imaginant des scénarios de retrouvailles avec son amoureuse partie. Dans l’un, il irait simplement la retrouver en mettant de côté sa dignité. Dans l’autre, il aurait pris l’habitude des lieux mondains pour tenter d’enterrer ses lourds souvenir ». Et l’auteure d’ajouter dès les premières pages du roman : « Ses pensées l’y mèneront, bercé par le craquement du chemin de fer, sous le poids et la vitesse de ce train, il ne pouvait s’empêcher d’assimiler celui-ci, à sa vie, il croyait en connaître l’arrivée mais le destin le mena autre part, bien loin de son enfance si simple ».

Ainsi, au fil des pages, Meryem Laslami confronte l’amour inconditionnel à l’orgueil. La vérité bouleversante vacille entre colère, tristesse et nostalgie obsessionnelle qui fait presque oublier le mal. Peut-on, grâce aux souvenirs, rattraper les erreurs de l’autre qui a trébuché ? L’amour peut-il subsister lorsque la dignité de l’autre est touchée? Tenter d’oublier n’est qu’une autre façon d’aimer.