Champion de kickboxing et journaliste de formation. Anas Hibaoui, poids “plume”


Kickboxeur pro invincible en Europe et diplômé de l’institut de journalisme de Rabat, Anas Hibaoui s’érige comme profil extrêmement atypique.

“Quand j’étais journaliste stagiaire à 2M puis à la SNRT, je montrais des photos de mes combats à des collègues et je leur disais que j’étais kickboxeur. Ils ne me croyaient jamais... Ils me disaient «c’est qui, lui?»”. C’est avec un peu de nostalgie et surtout beaucoup d’amusement qu’Anas Hibaoui, 26 ans, raconte à Maroc Hebdo les anecdotes de son “ancienne” vie, où il portait fièrement la double casquette d’étudiant-journaliste et de membre de l’équipe nationale marocaine de kickboxing.

Balayer les stéréotypes
“En général, on imagine le journaliste avec les épaules qui tombent, un gros ventre, des lunettes. Un kickboxeur, c’est quelqu’un avec des muscles mais sans cervelle. J’étais un contre-exemple à tout cela, je défiais ces stéréotypes et j’en suis fier en quelque sorte”, nous souffle le jeune combattant qui a quitté le Maroc en 2021 pour s’installer en Allemagne pour y entamer une carrière de combattant professionnel sous l’égide des plus grandes organisations européenne de promotion de kickboxing.  
Né le 19 septembre 1997 à Larache, Anas Hibaoui a découvert très tôt l’univers des rings et de l’adversité. Encouragé par sa maman et son grand frère, il se met au karaté dès 6 ans, puis au taekwondo à 12 ans, avant de se lancer, à 15 ans, dans ce qui deviendra le centre de sa vie: le kickboxing. Mais cela n’empêche pas le jeune Anas de poursuivre ses études avec sérieux et assiduité. Il décroche en 2015 son bac option Sciences de la vie et de la terre (SVT) à Mohammedia, ville où il passe la majeure partie de son enfance, puis passe plusieurs concours. Bien qu’il ait plusieurs choix à sa disposition, Anas opte pour l’Institut supérieur de l’information et de la communication (ISIC) de Rabat, prestigieux et seul établissement public de formation de journalistes au Maroc.


Le début d’une aventure
“J’avais un certain penchant, surtout pour tout ce qui est vidéo, editing”, nous explique-t-il.
C’est d’ailleurs dans le hall de l’ISIC que se trouve Anas lorsqu’il reçoit, en 2016, un appel qui changera le cours de sa vie. À l’autre bout du fil, la voix grave d’un responsable fédéral lui demande de préparer ses affaires pour rejoindre une concentration de l’équipe nationale de kickboxing au centre des sports Moulay Rachid de Bouznika. Le jeune combattant affiche alors un palmarès impressionnant: six fois champion du Maroc et deux fois vainqueur de la Coupe du trône. Anas continue sur sa lancée et laisse de côté le journalisme après avoir décroché en 2018 son diplôme de l’ISIC. Il s’impose même à l’international, en remportant en 2019 le championnat arabe aux Emirats arabes unis. Il atteint à deux reprises les quarts de finale des championnats du monde en Bosnie et en Turquie. Mais cela ne suffit pas à rassurer le jeune champion qui pense également à son avenir. “J’ai reçu 5000 dirhams après le championnat arabe. Je dépense plus que cela sur les compléments alimentaires”, ironise, avec amertume, Anas. “Nos responsables ne font rien pour encourager les champions”, renchérit-il.

Nouvelle dimension
C’est donc le 5 décembre 2021 qu’Anas embarque, en pleine période de fermeture des frontières, dans un vol spécial d’Air France pour rejoindre Berlin. Le jeune champion ne perd pas de temps et se fait remarquer par Oguz Övgüer, le patron d’Elite, une célèbre salle de kickboxing de la capitale allemande. “Lors d’un entraînement, j’ai mis KO un champion tchétchène et c’est là qu’ils ont saisi mon potentiel”, raconte Anas. Depuis, le combattant marocain a remporté toutes ses cinq confrontations en tant que pro, dont une par KO. Il a même été le “main event” lors de son quatrième combat, le 12 juin 2023 à Hambourg. “J’étais très content. Être le combat principal de la soirée, entendre les gens dire qu’ils sont venus pour me voir principalement, cela fait énormément plaisir”, lance le champion marocain.

L’objectif actuel d’Anas consiste à enchaîner les victoires en tant que pro avec de grandes organisations comme Enfusion, pour se faire remarquer par les sponsors et pouvoir vivre de sa passion. En attendant, il travaille actuellement en tant qu’entraineur dans le club Elite. Pour ce qui est du journalisme, Anas s’est déjà fixé un objectif: “J’attendrai la fin de ma carrière, et là je deviendrai journaliste ou animateur sportif. J’aurais une immense expérience et cela va beaucoup m’aider”.

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