Alors que le séisme du 8 septembre 2023 a mis à nu la fragilité des habitations au Maroc, l'architecte Chakib Benjelloun Arabi souligne l’urgence de revoir les normes de construction et d’entamer un vaste chantier de reconstruction pour garantir la sécurité et la stabilité des foyers marocains.
On l’a vu, les habitations dans l’Atlas se sont révélées très vulnérables. Pourquoi à votre avis?
Les habitations dans l’Atlas étaient particulièrement vulnérables parce qu’elles ont été construites avec des matériaux traditionnels, comme la terre et le bois, sans fondations adéquates ni structures en béton armé, ce qui ne les rend pas aptes à résister à des secousses significatives. Lorsque le bâtiment est simplement posé sur le sol, sans ancrage solide, il est susceptible de glisser et de s’effondrer en cas de mouvement terrestre. Il est donc vital d’envisager des solutions de construction plus résilientes, en intégrant des fondations solides et des éléments structurels aptes à résister à ce genre de pressions.
De ce que vous savez, les normes parasismiques étaient-elles en place et, si ce n’est pas le cas, pourquoi n’ont-elles pas été respectées ?
Depuis 2004, le Maroc a mis en place des normes parasismiques que toutes les nouvelles constructions doivent respecter. Cependant, de nombreuses habitations dans ces régions n’ont pas intégré ces normes en raison, peut-être, d’un manque de contrôle et d’application des lois en vigueur. Il est donc impératif de renforcer les mécanismes de contrôle et de surveiller étroitement la conformité des nouvelles constructions avec les réglementations en place pour prévenir les futurs désastres.
Quel est votre avis sur la solution des logements en conteneur? Les logements en conteneur, bien qu’offrant un abri temporaire avec des équipements de base tels que des installations sanitaires et la climatisation, ne constituent pas une solution viable à long terme, en raison de leur espace limité. Il est donc essentiel que le gouvernement initie des études de faisabilité pour la construction de maisons plus durables et conformes aux normes parasismiques, pour assurer un logement adéquat à la population affectée.
Quelles stratégies de reconstruction envisagez-vous à long terme pour les zones touchées?
À long terme, il est primordial de concevoir des habitations qui non seulement respectent les normes parasismiques mais qui tiennent également compte de l’esthétique et du patrimoine architectural des régions concernées. L’intervention de l’architecte ne doit pas se limiter à la conception, il doit aussi collaborer étroitement avec les ingénieurs et autres professionnels pour assurer la réalisation technique du projet, garantissant ainsi une reconstruction non seulement belle mais aussi sûre et durable.
Les grandes villes comme Casablanca ou Rabat sont-elles également à risque?
Bien que les nouvelles constructions dans les grandes villes soient généralement conformes aux normes parasismiques, réduisant ainsi le risque de dommages importants, les zones anciennes comme les médinas demeurent vulnérables. Toutefois, il est essentiel d’aborder aussi des problématiques telles que l’habitat informel et l’autoconstruction qui nuisent à l’application effective des normes parasismiques au Maroc.