CÉLÉBRER LES SOIGNANTS DU MAROC

UN HOMMAGE MÉRITÉ, MAIS PAS POUR TOUS

Le personnel soignant dans les hôpitaux publics a fait preuve d’un engagement et d’une abnégation indéfectibles, au moment où des médecins du privé se sont confinés.

Un journaliste a pris l’initiative de voir de près l’ampleur de la participation des médecins à la lutte contre l’épidémie du coronavirus. Pour cela, il a eu l’idée de contacter, par téléphone, des cabinets médicaux pour constater in fine qu’ils étaient fermés. D’où il a tiré des conclusions définitives… un fait qui a conduit le Conseil régional de l’ordre de Casablanca de saisir ces médecins pour leur demander des justifications écrites. On verra ce qui en ressortira, sachant que les raisons peuvent être multiples : téléconsultations, diminution du nombre des patients en raison du confinement… Quoi qu’il en soit, aucun argumentaire n’est valable par ces temps de crise sanitaire qui requiert une mobilisation générale, en particulier celle des médecins qui peuvent venir en aide à ceux déjà à l’oeuvre dans les hôpitaux publics.

Pour ceux-ci, pas un mot. Pas d’hommage digne de leur sacrifice. Pas un mot non plus sur les médecins internes qui ne sont même pas rémunérés pour leur apport exceptionnel. Navrant. Pourquoi ? Parce que les soignants (médecins, infirmiers) sont célébrés dans le monde entier. Qui n’a pas vu les hommages qui leur sont rendus quotidiennement, à vingt heures, en Italie, en France et ailleurs, par un concert d’applaudissement et de vivats ? C’est là la marque d’un soutien, d’une gratitude alors que ce corps est le plus exposé précisément par ce virus. Les taux de contamination de ce personnel soignant est en moyenne de 10%, voire même de 20% ; c’est lui qui paie donc le tribut le plus lourd. Dans ces conditions difficiles, avec des moyens pas toujours suffisants, l’abnégation vient se greffer à un engagement indéfectible.

C’est aussi l’illustration d’un profond attachement au serment d’Hippocrate que le ce corps a prêté – un serment d’éthique, un serment professionnel, un serment de vie. Ces médecins font leur devoir de médecin ; il est universel et même civilisationnel. Ils sont mobilisés dans les hôpitaux publics pour faire bénéficier leurs patients de la meilleure prise en charge en termes de diagnostic et de traitement de cette pandémie. Ils respectent les règles de l’art et les données les plus récemment acquises de la science médicale. C’est dans ce même registre que le Maroc a décidé, sur proposition du corps médical spécialisé et d’un comité scientifique, d’introduire la chloroquine dans le traitement thérapeutique contre le Covid-19. Après bien des « résistances » liées aux pressions de certains grands laboratoires, ce traitement a fini par être introduit en France, en Espagne, en Italie et aux États-Unis. Cela est aussi la sanction des valeurs d’une médecine et d’une recherche scientifique qui n’a pas plié et qui a fini par avoir de gain de cause.

Éviter la propagation
Le débat sur cette chloroquine a été classique, pourrait-on dire. Cela dit, l’hommage doit être également rendu à d’autres intervenants : les autorités qui se sont mobilisées dans des conditions exceptionnelles, la mise en oeuvre du confinement décidé par elles, dès le 20 mars dernier ; les forces publiques (DGSN et FAR) à pied d’oeuvre pour le faire respecter de manière proportionnée ; et d’autres corps professionnels. Éviter la propagation : voilà l’essentiel. Il sera toujours temps, ultérieurement, de se tourner vers l’état du système de santé...

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