Les organisations des droits humains redoutent que si l’activiste devait se retrouver aux mains des autorités chinoises, il serait torturé par elles. Pour l’heure, le Parquet tient, ceci dit, à son extradition.
Près de cinq mois sont passés depuis l’arrestation, le 19 juillet 2021 au Maroc, du militant ouïghour Idris Hasan, dont la Chine réclame depuis juillet 2014 la tête pour “diriger ou participer activement à des organisations terroristes”, et son cas n’avance toujours pas.
Au cours d’une audience tenue le 24 novembre 2021 au niveau de la Cour de cassation, le Parquet a certes, officiellement, soutenu son extradition, et cela fait sens au vu des charges qui pèsent sur lui, mais dans la réalité les choses sont plus complexes: des organisations telles Amnesty International considèrent M. Hasan comme étant un militant des droits humains et rappellent d’ailleurs que la notice rouge d’Interpol, l’Organisation internationale de police criminelle, sur la base de laquelle il a été interpellé a, depuis lors, été retirée.
“Le gouvernement chinois considère semble-t-il Idris Hasan comme un “terroriste”, en raison du travail qu’il a effectué par le passé pour des organisations ouïghoures. La législation chinoise définit le “terrorisme” et l’“extrémisme” de manière trop large et vague, et les autorités s’en servent pour réprimer les Ouïghours et d’autres minorités ethniques,” expliquait, dans un document publié le 3 septembre 2021, Amnesty International.
Celle-ci avait alors également indiqué que M. Hasan risquait, s’il se retrouvait entre les mains des autorités chinoises, d’être torturé, et que selon le principe du non-refoulement, la justice marocaine ne devrait pas prononcer sa remise à ces dernières. Mais on peut douter que celle-ci veuille l’entendre de cette oreille, elle qui n’avait par exemple pas hésité à autoriser, le 10 mars 2021, que le citoyen australien d’origine saoudienne, Osama Al-Hasani, soit livré aux autorités saoudiennes, bien qu’on ait dit la même chose à son propos.
Principe de non-refoulement
Dans le détail, M. Hasan, de son vrai nom Yidiresi Aishan, vivait en Turquie depuis 2012, où il avait fini par obtenir un titre de séjour aussi bien pour lui que pour sa famille, après notamment trois ans de détention de 2014 à 2017 où Pékin insistait pour mettre le grappin sur lui. Mais il ne se serait plus senti récemment en sécurité, d’où son périple vers le Maroc, à partir duquel il aurait vraisemblablement voulu partir en France, connue pour faire généralement un bon accueil aux activistes ouïghours.
C’était toutefois compter sans son signalement par Interpol. La femme de M. Hasan et mère de ses trois enfants, qui répond au prénom de Zaynura, a maintes fois répété qu’elle avait peur de ne plus jamais revoir son mari vivant si jamais il devait se retrouver en Chine.