Cash en circulation: 50 milliards de dirhams de plus en 2020, un record

QUAND LE CASH S'ENVOLE

Après avoir atteint un pic en juillet 2020, le cash n’en continue pas moins son mouvement exceptionnel de circulation sous l’effet de la crise du Covid.

Le pic de 2020 a été enregistré à fin juillet, un mois après le dé-confinement: 312 milliards de dirhams. Depuis, l’argent en circulation en dehors du système bancaire a reculé, comme le montrent les dernières statistiques monétaires de Bank Al-Maghrib.

Il n’en demeure pas moins que l’année 2020 a été exceptionnelle: record de 300 milliards de DH de cash à fin décembre, 50 milliards de plus qu’en 2019 (+20%), alors que d’habitude la circulation fiduciaire (pièces de monnaie et billets de banque) augmente chaque année entre 10 et 20 milliards de dirhams. Les 300 milliards de dirhams, c’est 20% de la masse monétaire du Maroc.

L’encours du cash en circulation s’établit ainsi à 305 milliards de dirhams à fin août 2020. La hausse est de 55 milliards de dirhams en 8 mois. La part de la monnaie fiduciaire dans la masse monétaire est passée à plus de 21% cette année, contre seulement 16% au début de la décennie. Alors que les autorités monétaires tentent par tous les moyens de limiter l’utilisation de l’argent liquide, la circulation de cash au Maroc a considérablement augmenté ces derniers temps.

Cette hausse de la circulation de cash n’est pas un phénomène nouveau, mais elle a été exacerbée par la pandémie de coronavirus qui sévit depuis le mois de mars au Maroc. La distribution par l’Etat des aides financières aux travailleurs impactés par les mesures de confinement et la hausse des retraits au niveau des guichets bancaires ou des comptes épargnes pour subvenir aux besoins quotidiens, expliquent en partie cette flambée de cash.

Épargne de précaution
La crise du Covid-19 a également accentué les comportements de thésaurisation, c’està- dire des liquidités qui quittent le circuit économique. En effet, en période de crise économique et de fortes incertitudes sur l’avenir, comme celle que nous connaissons actuellement, les ménages ont tendance à se constituer une épargne de précaution. Tout ce cash en circulation, c’est autant d’argent en moins détenu par les banques, ce qui ne manque pas de créer des tensions sur les liquidités et sur la capacité des établissements de crédits à octroyer des prêts.

Dans ce contexte, les établissements bancaires ont de plus en plus recours à la monnaie banque centrale. Bank Al-Maghrib (BAM) qui, chaque fois que nécessaire, procède à une augmentation du volume de ses opérations d’injection de liquidité dans le circuit bancaire.

La panique créée par l’annonce du confinement, les retraits massifs d’argent du système bancaire à cause de l’incertitude et des mesures de restrictions, la distribution de plus de 16 milliards de dirhams d’aides monétaires à 6 millions de ménages de l’informel dont l’écrasante majorité n’est pas bancarisée expliquent ce mouvement exceptionnel de cash du circuit bancaire.

Ceci en plus des facteurs structurels qui augmentent chaque année l’argent en circulation: Ramadan, Aid Al Adha, vacances d’été, expansion de l’économie informelle. 50 milliards de dirhams de hausse de la circulation fiduciaire, c’est presqu’autant que l’augmentation des dépôts bancaire en 2020 alors que leur encours est nettement plus important. Ces derniers ont augmenté de 61 milliards de dirhams. Ils ont franchi la barre des 1.000 milliards de dirhams.

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