Casablanca classée parmi les villes les plus dangereuses du monde


La montée de l’insécurité décriée !


Casablanca est classée parmi les villes les plus dangereuses d’Afrique. Un classement qui ne devrait sans doute pas plaire aux responsables sécuritaires. Mais pour les riverains, ce classement ne reflète pas l’ampleur de leur sentiment d’insécurité.

L’insécurité à Casablanca a atteint des seuils intolérables. Agressions, vols, cambriolages, viols, homicides, meurtres prémédités, violence gratuite… les crimes et délits foisonnent. Faire une promenade ou sortir pour faire des emplettes à la tombée de la nuit demande beaucoup de courage. Plus même! Certains quartiers sont réputés pour être des fiefs de l’insécurité: Hay Lalla Meryem, Hay Moulay Rachid, quartier Bousbir (au coeur de l’ancienne médina), Derb Ghallef, Derb El Kébir… les quartiers sensibles de Casablanca sont nombreux et célèbres même dans les autres villes du Royaume. Mais même les quartiers huppés ne sont pas épargnés. Anfa serait même, aussi bizarre que cela puisse paraitre, le quartier le moins sûr. Et ce n’est pas un simple pressentiment et ou un constat exagéré. Le Crime Index 2017 Mid-Year dévoilé par le site Numbeo, qui fournit des classements mondiaux sur la criminalité, place Casablanca à la 13ème place des villes les plus dangereuses du continent africain, et la deuxième en Afrique du Nord juste derrière Le Caire.

Selon Numbeo, la capitale économique figure au top 3 des villes les plus dangereuses du monde arabe. Casablanca détient un score de 53,24, légèrement moins que Tripoli (58,06) et plus qu’Alger (49,99), alors que Le Caire est crédité de 55,96. Plus le score est élevé, plus la ville est considérée comme dangereuse. Les auteurs du classement analysent plusieurs données, notamment celles relatives à la criminalité, le sentiment d’insécurité, la drogue, les vols ou encore le vandalisme.

Un constat déplaisant
Ce classement ne devrait sans doute pas plaire aux responsables sécuritaires de la ville de Casablanca. Sans surprise, il ressort du dernier bilan de la criminalité à Casablanca, publié par la DGSN à fin juillet, que l’on compte 6.500 affaires de moins et un taux de criminalité en baisse de 10,7%. Le nombre des affaires enregistrées a atteint 52.867 contre 59.316 durant la même période en 2016. Concernant les crimes violents, directement liés au sentiment d’insécurité, la DGSN relève qu’ils n’ont pas dépassé 12,51% de la criminalité globale, soit un recul significatif de 6,54% du nombre d’affaires d’agressions violentes. A ces statistiques s’opposent d’autres livrées par une institution publique, en l’occurrence le Conseil économique, social et environnemental (CESE), dont le dernier rapport révèle que le bilan de la criminalité en 2016 fait état d’une hausse de 23% du nombre d’arrestations effectuées par les forces de l’ordre (466.997 arrestations). Des données effrayantes qui plongent tout un pays dans la peur.

Et, comme le soulignent les sages du CESE, la hausse du taux des crimes peut avoir une incidence, à terme, sur la perception de la sécurité par les citoyens, en particulier dans des zones défavorisées. Ce sentiment est nourri quotidiennement par des actes de violence et des crimes abominables, des scènes horribles auxquelles les citoyens assistent, bon gré mal gré, dans la rue, dans le bus… ou suivent, parfois en direct, sur les réseaux sociaux. Une chose est sûre: Les crimes déclarés ne reflètent pas fidèlement la réalité du terrain car les agressions ne sont pas toutes déclarées ou font l’objet de poursuites. D’autant plus que le manque d’effectifs de la police et l’ingéniosité des modus operandi des crimes et délits compliquent davantage la donne. Avec 182 policiers pour 100.000 habitants (chiffres de 2013), la dissuasion policière demeure un solgan.

Un sentiment nourri par des faits
La capitale économique n’est certes pas Caracas, Rio De Janeiro ou Johannesburg, mais des incidents récurrents et la délinquance des mineurs y prennent une ampleur inquiétante. Les agressions se déroulent au grand jour, au vu et au su de tout le monde. Et les agresseurs, armés de sabre, n’ont plus peur de rien, défiant même quand ils sont interceptés par une patrouille de police ou des motards, les policiers.

«Autrefois, on pouvait sa balader en famille sans courir aucun risque. Aujourd’hui, plus rien n’est sûr. On croise des individus louches dont le regard renseigne sur l’intention sordide. A Casablanca, la présence accrue de la police au sein des boulevards et des artères n’est palpable que pendant des évènements officiels ou la visite d’un responsable étranger. Les autres jours, il y a un gros problème d’insécurité. On ressent même que les criminels et délinquants redoublent d’efforts pour compenser les jours “chômés”», affirme avec ironie et amertume un commerçant du quartier Benjedia, à Casablanca.

Une scène quasi quotidienne
Les Casablancais, voire les Marocains, sont plus que jamais paralysés par le sentiment d’insécurité. La hausse effrénée de la violence et des crimes fait régner une psychose générale. Il ne passe pas un jour sans que la presse n’expose en manchette des actes criminels où des citoyens sont violement agressés et terrorisés dans les quartiers des villes. A Casablanca, pour ne citer que cette ville, des bus sont attaqués par des délinquants armés d’épées et de coutelas, qui délestent les passagers de leurs objets de valeur ou de leur argent avant de prendre la fuite au vu et au su de tout le monde.

Cette scène est devenue quasi quotidienne. Dimanche 24 septembre 2017, dans un souk informel au quartier Bernoussi, à Casablanca, accompagné de son épouse pour faire leur marché, le jeune boxeur Mohamed Hamout, membre de l’équipe nationale de boxe qui a représenté le Maroc aux Olympiades de Rio de Janeiro 2016, au Brésil, a été victime d’une agression qui aurait pu lui être fatale. Un habitant du quartier où Hamout habite lui a asséné deux coups de couteau sur le côté gauche de l’abdomen. Il fut transporté d’urgence à l’hôpital 20-Août, où il a subi une intervention chirurgicale qui lui a sauvé la vie de justesse. Pour un oui ou un non, l’agresseur use de son arme blanche face à sa victime paralysée par la peur.

Plus qu’un sentiment ou un pressentiment, la violence et la criminalité sont un vécu quotidien imposé aux Casablancais comme d’ailleurs aux Fassis ou Slaouis...

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