Carnaval de Boujloud : Célébrons la richesse de notre Maroc!


Si vous avez passé Aid Al-Adha et les jours qui ont suivi, dans les régions amazighes du Souss ou de l’Anti-Atlas, ou même fait le tour des réseaux sociaux marocains durant cette période-là, vous avez certainement croisé quelques figures pour le moins singulières. Des hommes, pour la plupart des adolescents et des jeunes adultes, le corps vêtu de peau de mouton ou de chèvre, la tête coiffée de cornes et le visage maquillé, défilant, chantant et dansant dans les rues pendant des heures, devant un public qui se compte par milliers.

À Agadir, Imintanout ou encore Inzgane, le festival Boujloud (homme de peaux en français), ou Bilmawen, pour reprendre l’appellation originale en langue amazighe, est devenu depuis plusieurs années, un rendez-vous incontournable pour les habitants du Sud marocain. Un moment de célébration et de convivialité qui permet de promouvoir, dans la joie et la bonne humeur, une facette riche et ancestrale de la culture marocaine dont les origines remontent à l’époque préislamique

Seulement voilà, comme on vit actuellement dans l’ère de la polémique et du buzz par excellence, il aura fallu que certaines voix montent au créneau pour dénoncer Boujloud et ses “dérives dangereuses”. Des individus qui voient le mal dans le bonheur, la débauche dans l’art, la perversion dans la beauté, et se cachent, à tort, derrière la religion et les valeurs pour dire aux Marocains comment il faut se comporter et célébrer.

Hicham Bastaoui, jeune acteur marocain qui a rapidement mis fin à sa carrière pour se convertir en prédicateur 2.0 et star des réseaux sociaux, est l’un des porte-parole de cette police des moeurs et des valeurs. “Depuis quand les hommes mettent-ils du rouge à lèvres? C’est quoi ce patrimoine? On combattait les chikhats et les femmes maquillées (..) pour défendre la religion, et maintenant on va devoir combattre les hommes qui se maquillent et portent des perruques”, s’est révolté le fils de feu Mohamed Bastaoui dans une story sur Instagram.

Sauf que Hicham Bastaoui et cie oublient une chose très importante: ce sont les valeurs marocaines qu’ils prétendent défendre, qui font qu’un folklore aussi ancestral comme Boujloud puisse perdurer et résister aux aléas du temps, voire s’épanouir et se développer. Car au plus grand dam de ces ennemis de la joie, le carnaval gagne en ampleur et en rayonnement, et s’organise de mieux en mieux, devenant même un festival reconnu et sponsorisé dans certaines villes.

Les plus ambitieux voient encore plus grand et appellent à déposer une demande auprès de l’UNESCO pour inscrire Boujloud dans le patrimoine immatériel mondiale. D’ici là, soyons fiers de notre patrimoine dans toutes ces composantes, et oeuvrons à ce que tous les Marocaines et Marocains puissent enfin se réconcilier avec l’héritage de leurs ancêtres.

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