Fréquence des envois de fonds des Marocains résidents à l’étranger vers le Maroc, profils des destinataires, méthodes de transfert. Autant d’informations dévoilées dans un rapport conjoint de Bank Al-Maghrib et la Banque mondiale.
Les transferts de fonds des Marocains résidents à l’étranger (MRE) représentent une importante ressource financière pour de nombreux ménages marocains. Ils ont augmenté de 5% en 2020, pour atteindre 68 milliards de dirhams en 2020, contre 64,7 milliards en 2019, en dépit du contexte de morosité économique provoquée par la pandémie de Covid-19. Un constat qui n’a d’ailleurs pas échappé à Bank Al-Maghrib (BAM).
Pour mieux comprendre les caractéristiques de ces envois de fonds, elle a conjointement réalisé l’étude «Green Back Morocco» avec la Banque mondiale auprès de 146 personnes dans les régions de Casablanca-Settat, Beni Mellal-Khenifra, Souss-Massa et l’Oriental qui ont des proches à l’étranger. Les résultats publiés le 28 avril 2021 par BAM révèlent que 96% des sondés affirment recevoir des aides de leurs proches basés à l’étranger. Des transferts qui sont généralement effectués par des membres de leur proche famille.
Régularité des envois
En effet, 52% des expéditeurs sont soit le frère ou la soeur du bénéficiaire. «Si l’on ajoute les oncles et tantes et les enfants, on atteint les 83%. En revanche, les époux ne représentent que 9% des expéditeurs et les amis que 3%», souligne le rapport. La majeure partie résident en Europe du Sud, principalement en France (42%), l’Espagne (24%) et l’Italie (14%). «L’Oriental se distingue par une majorité d’expéditeurs résidant en Espagne (53%), ce qui s’explique en partie par la proximité du préside de Melilla, qui accueille une partie de ces personnes», précise-t-il.
L’étude s’est aussi intéressée aux principales méthodes de transferts. Et là on découvre que 97% des expéditeurs préfèrent utiliser les services de transfert de fonds au détriment des banques. Seuls 12% ont recourt au virement bancaire. Deux canaux différents, mais un constat: la régularité de ces envois de fonds. 50% des bénéficiaires interrogés dans les quatre régions affirment recevoir ces montants d’argent tous les deux mois ou plus. Quant aux transferts mensuels, ils concernent plus les épouses des émigrés et les personnes âgées prises en charge par leurs enfants.
La majeure partie des destinataires privilégient aussi les établissements de paiement par rapport aux banques, en particulier les points de retrait unique proches de leur domicile. Rares sont les personnes qui effectuent les retraits dans les guichets bancaires lorsque les montants sont très conséquents, plus de 20.000 dirhams par exemple. La plupart considèrent en fait les institutions comme des lieux destinés à la population bancarisée et alphabétisée, contrairement aux établissements plus ouverts aux classes populaires.
Les experts de Bank-Al Maghrib et de la Banque mondiale ont également mis la loupe sur les frais de ces transferts qui transitent via les opérateurs de transferts de fonds. Les expéditeurs les règlent systématiquement pour permettre à leurs proches de recevoir l’argent gratuitement. D’après BAM, cette étude conjointe a couvert dans chacune des régions une localité urbaine, une localité péri-urbaine, et une localité semi-rurale. Les tranches d’âge des répondants varient entre 25-40 ans pour les femmes et 45 ans et plus pour les hommes.