Les perles d'une campagne électorale inédite

Des candidats de derrière les fagots

Les Marocains, en cette campagne électorale inédite, en ont vu de toutes les couleurs.

Le jour du scrutin du 8 septembre 2021 approche à grands pas. La course aux élections est à son apogée et les partis politiques essaient tant bien que mal de s’adapter à la nouvelle donne. La pandémie du Covid-19 et les mesures barrières imposées par les autorités ont nécessité un virage numérique de ces élections. Pourtant, rares sont ceux qui se sont démarqués sur les réseaux sociaux. Ceux qui ont investi ces plateformes n’ont pas été exempts d’erreurs monumentales, qui leur ont valu une vague de dérision et de moqueries.

Et les Marocains, en cette campagne électorale inédite, en ont vu de toutes les couleurs. Dans un élan énergétique, Nabil Benabdallah, secrétaire général du Parti du progrès et du socialisme (PPS) s’est laissé aller à des gestes limite débordant de sensualité ou de sexualité (on laisse place à votre imagination en visionnant sa vidéo), en parlant d’une «démocratie forte, d’institutions fortes, d’un Etat fort et d’une économie forte», selon ses dires. Il y est allé fort Si Benabdallah, si seulement il se contenta de dires.

Parmi les perles de ces élections, nombreux sont les tracts de candidats venus d’une autre planète qui ont été partagés sur les réseaux sociaux. La palme d’or revient aux candidatures «familiales». Les Marocains ont été surpris de découvrir des listes composées de tous les membres d’une seule famille. Ce n’est pas nouveau. La politique, c’est aussi une histoire de famille, une entreprise de rente familiale. Hamid Chabat, son fils, sa fille, sa femme, tous se sont présentés à ces élections. D’autres ont préparé des listes où gendres, oncles, fils étaient présents, n’y manquait que celui qui leur a imprimé les tracts et l’administrateur de leur page Facebook.

Un candidat à El Jadida a été plus ingénieux ou moins inspiré. Il a carrément mis «Supporter du Difaâ Hassani d’El Jadida». Un certain Jamal, en costard noir, chemise blanche, a cassé internet. Il se présente comme «un bon musulman, un coiffeur des pauvres, un administrateur d’un groupe Facebook et adepte de l’apprentissage du Coran... ». En tout cas, vaut mieux ironiser sur Jamal que cette personne, la barbe mal rasée, qui s’est présenté comme défenseur de l’islam et «farouche combattant de mécréants». Là du coup, on rit moins. Des personnes sans emploi, ont, en revanche préféré mettre, «militant associatif».

Pour la parti de la Lampe, on n’a pas lésiné en moqueries. Les vidéos où Mustapha El Khalfi, ancien ministre du Parti de la justice et du développement (PJD), a été prié de «dégager», comme pour le convoi de membres du PJD venus rendre visite à un douar, ont fait le tour de la toile. La vidéo la plus «mignonne», mais aussi la plus parlante de notre démocratie et de certains Marocains, est sans conteste celle de Mustapha Lakhssam.

Dans un coup de gueule, l’ancien champion du monde de kick-boxing, s’est dit extrêmement surpris et choqué par les sollicitations incessantes de certains Marocains. «Je me suis porté candidat à ces élections pour vous représenter et vous défendre. Et vous venez me demander de l’argent. Je ne comprends pas comment on peut arriver à ce niveau de corruption. Là où je vais, on me demande de l’argent, partout. C’est très choquant. C’est grave», a-t-il lancé, regrettant de s’être présenté à ces élections. Bienvenue au monde de la politique au Maroc Mustapha Lakhssam, où argent, népotisme et ignorance sont légion.

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