La voiture marocaine à propulsion hydrogène est une belle réalisation qui mérite son buzz.
Par ces temps, le buzz, ou marketing viral génère un intérêt exponentiel sur les réseaux sociaux pour un produit ou un événement. Il donne de suite une visibilité accrue suivie d’effets bouche-à-oreille en langage inclusif et, en langage dépréciatif, de téléphone arabe qui déforme l’information à chaque passage de personne à personne. Ainsi le dernier buzz en date en matière de marque a concerné la voiture marocaine à propulsion d’hydrogène.
L’événement en lui même est prodigieux et mérite son buzz exceptionnel. Là où le bat blesse, c’est la coulée des inexactitudes réseautiques qui ont qualifié de nouveauté, le moteur à hydrogène. Les débuts du moteur à hydrogène remontent au XIXème siècle. Les premières expériences datent de l’an1800 où le suisse François Isaac de Rivaz avait utilisé l’hydrogène comme combustion interne. Son invention n’était pas prise au sérieux par ses contemporains qui avaient misé tout leur argent sur les promesses du moteur à vapeur. En 1939, la société Dornier avait fait voler avec succès son hydravion expérimental, le « Dornier Delphin H », en utilisant un moteur à hydrogène gazeux stocké dans des réservoirs spéciaux à bord de l’avion. Le développement de cette approche a été réduit à zéro par l’avènement de la seconde guerre mondiale.
En 1959, Général Motors avait présenté un fourgon dénommé « ElektroVan », motorisé par une pile à hydrogène. GM voulait démontrer ainsi l’intérêt potentiel d’une telle alternative à l’énergie fossile. Au cours des années 1990-2000, Honda, Toyota et d’autres avaient développé le concept-car d’un véhicule mu par un moteur a combustion interne à hydrogène pour démontrer les progrès réalisés par leurs firmes dans la technologie des piles à combustible. Ces dernières décennies, la pile a hydrogène a fait d’énormes progrès. Les constructeurs automobiles ont introduit des véhicules à combustible d’hydrogène disponibles dans le commerce tels que Toyota Mirai ou Hyundai Nexo qui offrent plus de performances et d’autonomies.
Plus près de nous, en 2019, BMW a dévoilé la BMWi Hydrogen NEXT qui fonctionne à l’hydrogène pour produire l’électricité motrice de la voiture. Un dévoilement marketing fait pour montrer son engagement dans la recherche de solution durable à l’énergie fossile et de réduction des émissions CO2. Une vision d’avenir qui exclue toute commercialisation en série. La pollution des hydrocarbures continuera d’asphyxier la planète tant que les lobbies mondiaux du pétrole n’ont pas tiré leurs épingles du jeu. Henri Ford n’avait-il-pas réduit l’immense réseau ferroviaire des USA à un transport subsidiaire pour mieux vendre ses voitures de masse et développer le réseau routier américain à l’avantage de l’emblématique Model T ? La voiture marocaine à propulsion hydrogène est une belle réalisation qui mérite son buzz.
Comme le football, elle accroît le soft power du Maroc. Elle n’est pas la première du genre. Les défis rencontrés par ses tacots d’ancêtres sont toujours d’actualité : Peaux de bananes sous les roues glissées par les intérêts pétroliers et capitalistiques, difficultés de mise en place des infrastructures de ravitaillement, coût élevé de production de l’hydrogène pour ne citer que ceux-là. Les efforts de recherches continuent de s’attaquer à ces freins à un développent qui voudrait faire de ce mode de propulsion une option future du transport durable. A Montréal, quasiment chaque rue est équipée de double-postes de recharge électrique des voitures. Commençons par en faire pareille en attendant l’émergence hydrogène.