Contrairement à certaines informations faisant état d’un accord pour la baisse des salaires, l’Association marocaine des pilotes de ligne nous confirme que cette baisse n’a pas été concédée.
À la veille d’une reprise des vols, prévue vers mi-juin pour les vols domestiques et septembre pour les vols internationaux, Royal Air Maroc vit l’une des pires crises de son histoire. Une crise dont personne ne connaît ni l’ampleur ni l’issue tant la crise du Covid-19 n’est pas encore totalement maîtrisée. Après la longue lettre adressée, mardi 12 mai 2020, par le président de Royal Air Maroc, Abdelhamid Addou, au personnel de la compagnie, évoquant la situation financière catastrophique de celle-ci et l’avenir sombre qu’elle entrevoit en pleine crise sanitaire et économique, les projections vont bon train quant aux scénarii de sauvetage susceptibles de l’extirper de la banqueroute. Au même moment où Abdelhamid Addou mène des négociations avec le gouvernement pour recevoir des aides financières urgentes, ou au moins emprunter les fonds nécessaires avec une garantie de l’Etat, le management de la compagnie semble engagé dans un dialogue périlleux et laborieux avec les pilotes de ligne.
Absence de visibilité
Ainsi, contrairement à certaines informations parues dans la presse électronique, faisant état d’un accord de principe des pilotes de ligne à concéder une baisse de 45% de leurs salaires, un membre de l’Association marocaine des pilotes de ligne nous confirme que cette baisse n’a pas été concédée. Il explique toutefois que cette baisse avait déjà été opérée du temps de l’ancien président de la RAM, Mohamed Hassad, et reconduite par ses successeurs. En revanche, il estime que les pilotes sont prêts à faire des sacrifices salariaux pour sauver leur compagnie, mais à la condition toutefois que le management présente des plans précis et chiffrés de relance de la compagnie.
Or, pendant la réunion tenue entre les représentants de l’AMPL et le PDG de la compagnie, vendredi 15 mai, «ce dernier n’avait aucune vision ni plan détaillé sur les besoins économiques et financiers de la compagnie pour les mois à venir», estime ce membre de l’AMPL. Ce dernier explique que les pilotes, du fait de la crise du Covid- 19, n’ont pas reçu la prime annuelle de 2019. Leurs salaires aussi ont subi, en raison de la baisse d’activité, une réduction de 30%.
Il faut dire que depuis l’éclatement de la crise sanitaire et la fermeture des frontières aériennes, la RAM se trouve dans une crise économique et financière sans précédent. Si les pilotes ont pu recevoir leurs salaires normalement, même avec une petite réduction, une bonne partie du personnel, notamment administratif et technique, a été contrainte d’accepter des congés sans solde de six mois, en contrepartie d’une régularisation de leur situation salariale après la reprise de l’activité.
Une reprise qui n’aura certainement pas lieu pour bientôt avec une crise du Covid-19 qui ne cesse de s’amplifier et une visibilité absente au niveau de l’ouverture des frontières aériennes. Tous ces facteurs font que le sauvetage de la compagnie nationale aérienne semble encore lointain avec une pression sociale énorme qui s’annonce du côté du personnel.