Brahim Saadoun reste en vie. Le jeune étudiant marocain en Ukraine, condamné à mort par un tribunal séparatiste pro-russe en juin 2022, a bénéficié d’un échange de prisonniers entre Kiev et Moscou grâce à une médiation de l’Arabie saoudite.
Le long et stressant feuilleton Brahim Saâdoun a enfin eu l’heureux dénouement que des millions de Marocains espéraient. Arrêté puis condamné à mort, le 9 juin 2022, par les séparatistes pro-russes dans l’Est de l’Ukraine, pour avoir “combattu” dans l’armée ukrainienne en tant que “mercenaire”, le jeune étudiant marocain de 21 ans a été libéré, mercredi 21 septembre, suite à une médiation de l’Arabie saoudite.
Un avion avec à son bord Brahim Saâdoun, ainsi que cinq Britanniques, deux Américains, un Suédois et un Croate a atterri en Arabie saoudite, dans la soirée du mercredi, après l’intervention du prince-héritier saoudien Mohammed ben Salman, qui a abouti à un échange de prisonniers entre la Russie et l’Ukraine, a annoncé le ministère des Affaires étrangères à Riyad. Les autorités saoudiennes ont transféré les prisonniers de Russie vers l’Arabie saoudite, et oeuvraient encore, au lendemain de leur libération, à faciliter les procédures de leur rapatriement en sécurité dans leurs pays respectifs. Alors que les pays d’origine des neuf autres prisonniers libérés ont officiellement réagi à cet échange, par la voie de très hauts responsables comme la première ministre britannique, Liz Truss, ou le conseiller américain à la sécurité nationale, Jake Sullivan, les autorités marocaines restaient discrètes.
Des pressions énormes
Contacté par Maroc Hebdo, Tahar Saâdoun, père de Brahim, a tenu à “remercier” le prince ben Salman qui, selon plusieurs sources médiatiques, a mené les négociations avec les parties ukrainienne et russe pour arriver à une solution à ce dossier. “Je ne remercierais jamais assez sa majesté Mohammed VI, qui nous a entourés de sa haute sollicitude, et je vous remercie, vous les journalistes, d’avoir suivi cette affaire et de l’avoir médiatisée en défendant l’innocence de mon fils”, nous a-t-il confié, avec autant de joie que d’émotion. Tahar Saâdoun a noté que son fils a été soumis, pendant ses 6 mois détention, à des pressions énormes de la part de ses geôliers, et qu’il devra subir un ensemble d’analyses et de contrôles médicaux en Arabie saoudite, pour évaluer son état physique et psychique.
Né à Meknès en 2001, Brahim Saâdoun, fils d’un gendarme, est parti en Ukraine en 2017 pour étudier à l’université d’aéronautique et de sciences aérospatiales de Kiev. À l’été 2020, il intègre la marine ukrainienne et obtient la nationalité de son pays d’accueil. Moins d’un an plus tard, alors que les forces russes lancent, le 24 février, leur attaque sur l’Ukraine, Brahim Saâdoun est envoyé au front, pour “combattre”, selon les séparatistes soutenus par Moscou. Le jeune étudiant finit par se faire arrêter, le 12 mars à Marioupol, dans la région de Donetsk, par les combattants séparatistes pro-russes, alors qu’il portait l’uniforme de l’armée de Kiev. Il sera par la suite condamné à mort pour mercenariat, le 9 juin, déclenchant une immense vague de réactions au Maroc mais aussi à l’international.