Un appel à la résurrection de l’USFP
TÉMOIGNAGE. “Al Ittihad, le changement ou la disparition” est une lecture de l’évolution de l’USFP, à partir d’un regard évaluatif et critique.
On peut être d’accord ou pas avec lui, sur plus d’un sujet, mais Brahim Rachidi ne laisse pas indifférent. D’ailleurs, vu la variété des thèmes qu’il aborde volontiers, sans aucune forme d’auto-censure, on n’a que l’embarras du choix. Or, c’est justement ce qui manque le plus par les temps politiques qui courent vers on ne sait où. Avec lui, la politique n’est pas un espace fermé et ennuyeux, exclusivement réservé à des initiés qui se comprennent à demi-mot et quelques hochements de tête entendus. Cette conception de la politique, Brahim Rachidi n’en veut pas. Il le dit haut et fort, oralement ou par écrit. Il a fini par en faire un livre: “Al Ittihad, le changement ou la disparition”.
Dès le titre, on est fixé. Il ne s’agit pas d’une exégèse à l’adresse du parti auquel l’auteur a toujours appartenu, en l’occurrence, l’USFP. Il s’agit d’une lecture de l’évolution de ce parti, à partir d’un regard évaluatif et critique; à partir, également, de situations vécues et de témoignages de première main directement recueillis. De ce fait, le récit ne pouvait être qu’à la première personne et le livre forcément auto-biographique. Un registre d’écriture qui se prête à l’observation rapprochée et au décryptage analytique des faits, des gestes et des propos.
Le livre couvre pratiquement toute l’époque du Maroc indépendant, que l’on revisite avec l’oeil d’un Brahim Rachidi né en 1950 et scolarisé en 1957. Commence alors un voyage à travers l’histoire politique d’un Maroc en construction, au gré des espoirs suscités et des déceptions endurées. Le rapport de Brahim Rachidi avec l’USFP commence dès le lycée Mohammed V, à Casablanca, dans les années 1960; puis à la faculté de droit de la même ville. Il se poursuit depuis les universités françaises et les milieux étudiants marocains. C’était le temps où l’UNEM (Union nationale des étudiants du Maroc), très active, constituait un espace de culture et de formation politique et un catalyseur pour l’opposition représentée par l’UNFP puis l’USFP. La vie interne de ce parti est décrite avec minutie, surtout à partir du moment où Brahim Rachidi intègre ses instances dirigeantes après son retour au Maroc, au début des années 1980.
Coulisses et apartés
L’auteur marque un arrêt pour chaque congrès, ce qui permet de suivre la genèse de l’USFP dans son rapport aux contextes politiques du moment. De toutes ces assises, souvent houleuses, c’est le sixième congrès (29-31 mars 2001) qui marquera un tournant grave de conséquences. Brahim Rachidi s’y arrêté longuement, et pour cause, il y était mêlé à plein temps et pas vraiment de bon coeur. Les séances plénières, mais surtout les coulisses et les apartés sont relatés quasiment heure par heure. La première évaluation de l’expérience de l’alternance, conduite par Abderrahman Youssoufi, est jugée négative. Le parti se divise.
Sortie tonitruante de Noubir Amaoui. C’est le début d’une régression organique et d’une désaffection du public que Brahim Rachidi appelle “la montée vers le gouffre”. Il est sans complaisance avec la direction actuelle, dont il dénonce la gestion en interne et la motivation première de ses membres. Il termine par un appel à la résurrection de l’USFP.