Boîte Noire

LE MOUCHARD DE BORD PERMET DE DÉTECTER TOUTES LES TRANSGRESSIONS DU CODE DE LA ROUTE.

La guerre des routes se poursuit en silence. Jusqu’ici, toutes les approches conçues et essayées sur le terrain se sont avérées vaines. La multiplication des radars censés être invisibles ou presque; pas plus que la mobilisation des gendarmes en rangs un peu plus serrés que d’habitude, au départ et au retour des vacances scolaires, n’ont démontré un quelconque impact déterminant sur la fréquence des accidents mortels sur les routes et les autoroutes du réseau national. On pourra toujours dire qu’il s’agit d’un phénomène mondial lié à un mode de vie mondialisé. Une parade qui ne prend plus.

Si tant est qu’il appartient à chacun d’imaginer des solutions adéquates en rapport à des réalités sociologiques profondément ancrées. Pour que les routes ne soient plus pavés de cadavres et d’accidentés atrophiés, il fallait aussi que les nouvelles technologies s’y mettent à fond et sur la durée. Parce que la prévention n’est jamais définitivement acquise, disons que c’est en train de se faire. Un nouvel appareil est apparu sur cet espace de vie mortifère. Il s’agit d’une boîte noire dont seraient équipés tous les véhicules personnels ou collectifs. L’engin est baptisé boîte noire en raison des retours d’information qu’il procure. Il permet l’enregistrement des principales données du véhicule en mouvement tels la position GPS, la vitesse, l’accélération, le freinage; en gros l’état de la circulation, mais aussi celui du conducteur (éveil, sobriété, etc.). Le dispositif est couplé d’une caméra intégrée qui le met en mesure de répondre à tous ces paramètres. Il peut ainsi déterminer les circonstances d’un accident quels que soient le degré de gravité et la responsabilité de chacun en cas de litige, bataille entre les assurances et poursuites judiciaires. Proprement formidable.

Sur tous les continents, cet objet magique est en train d’être réglementé et souvent adopté. Comme d’habitude, les pays européens se prennent les pieds dans leur jungle législative. La polémique bat son plein tellement les enjeux financiers sont énormes en terme d’assurance. Du haut de leur pragmatisme jamais démenti, Les États Unis d’Amérique ont réglé le problème en imposant la mise en place de la boîte noire dès le montage des véhicules. Elle fait désormais partie de la chaîne de fabrication. En observant le coût humain de cette boîte noire et tout ce qu’elle peut faire éviter en matière de drames des routes, on se demande ce que nous attendons pour l’imposer graduellement sur les moyens de transport collectif, du moins. Dans la perspective de l’intégrer dans le processus de fabrication des véhicules personnels et dans les réflexes conditionnés des conducteurs. Il va sans dire que les plus concernés sont les chauffards endurcis, beaucoup plus que les jeunes premiers au volant.

On pense instinctivement aux taxis, à leurs slaloms dans les plus imperméables des bouchons; en somme, le code de conduite qu’ils se sont octroyés et imposé à leurs utilisateurs. La fixation unanime sur les taxis ne peut faire passer par pertes et profits le comportement du commun des conducteurs. Foi de boîte noire.

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