Le blocage, c'est fini !

Le roi décharge Abdelilah Benkirane de sa fonction de chef du gouvernement désigné

Le communiqué du Cabinet  royal est tombé  comme un couperet ce  mercredi 15 mars 2017  au coup de 21h20: le  Chef du gouvernement désigné,  Abdelilah Benkirane, est officiellement  démis de ses fonctions. Voilà  donc, c’est fait!, pourrait-on à  chaud commenter. Il faut dire que  le secrétaire général du Parti de la  justice et du développement (PJD)  s’est surtout illustré par son incapacité  à fédérer, aussi bien dans  le cadre de la majorité qu’il avait  constituée durant son précédent  mandat avec le Rassemblement  national des indépendants (RNI),  le Mouvement populaire (MP) et  le Parti du progrès et du socialisme  (PPS), que du reste avec les  autres composantes de la classe  partisane nationale. Même dans  ses rangs, ses prises de becs  s’étaient ces derniers temps multipliées  avec la nomenklatura de sa  formation, malgré l’image d’unité  présentée au large public au travers  d’hebdomadaires communiqués.  En d’autres termes, c’était  le fameux «blocage», promis à se  perpétuer encore tant que Benkirane  demeurait aux commandes.


A cet égard, Mohammed VI n’avait  sans doute, tout compte fait,  d’autre solution pour que le pays  n’en reste pas à son état d’arrêt.  Il en allait, de fait, de la pérennité  et de la continuité des institutions  du pays, dont le Roi est, au titre  de la Constitution, le garant -ce  que souligne d’ailleurs le communiqué  du Cabinet royal. Trop, en  fait, c’était trop!

Ce n’est pourtant, quoi qu’on dise,  pas faute de temps que Benkirane  n’est pas parvenu à réussir  la mission dont l’avait chargé  Mohammed VI, le 10 octobre  2016 après la première place du  PJD aux élections législatives. Le  blocage a quand même, en tout et  pour tout, duré plus de cinq mois.  Jamais dans l’Histoire du Maroc  contemporain on n’était resté  autant de temps sans Exécutif. On  en était même arrivé au point de se  demander si le gouvernement servait  vraiment à quelque chose, du  moment qu’il y avait un Roi obstiné  et ne rechignant jamais à la tâche  comme Mohammed VI susceptible  à lui seul de combler les lacunes  de ce qu’un panel d’institutions  réunies doivent en principe réaliser.  Le président du groupe Bank  of Africa, Othman Benjelloun, ne  s’y trompait sans doute pas en  faisant de la figure personnelle du  Roi un «atout considérable» pour  le pays. «Dans d’autres circonstances,  l’absence d’un gouvernement,  issu d’élections législatives  (...) aurait pu constituer un handicap  majeur pour la conduite des  affaires de ce pays», avançait-il.

Quoique Benkirane ne soit maintenant  plus à la conduite de l’Exécutif,  il faut noter que Mohammed  VI a tenu à respecter les résultats  des urnes en annonçant vouloir  nommer une autre personnalité  du PJD en lieu et place du désormais  ex-chef de gouvernement. Il  aurait pu, sans forcément s’écarter  de la lettre de la Constitution  et comme cela se fait dans beaucoup  de pays où le champ partisan  est balkanisé, passer au parti  arrivé deuxième, à savoir le Parti  authenticité et modernité (PAM)  -il ne l’a pas fait. Les mauvaises  langues y trouveront toujours à  redire, mais ce qui est indéniable,  c’est que bon an mal an, le Maroc  consacre de jour en jour le «choix  démocratique» auquel il a choisi  de conjuguer son destin. Avec  Benkirane ou pas

 

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