Le béton remplit Casablanca

TROIS ESPACES VERTS MENACÉS DE DESTRUCTION

A l’heure où les Casablancais réclament plus d’espaces verts dans une ville saturée de béton, les autorités semblent en décider autrement pour différentes raisons.

Ces derniers jours, trois jardins publics de la ville de Casablanca sont en voie de disparition, à savoir «le square Mohamed Ben Abdellah, dans le quartier Baladia, à Derb Sultan, la place Sidi Mohammed devant la gare ferroviaire Casa-Voyageurs et un espace vert au croisement des boulevards de Bordeaux et Moulay Youssef», nous indique Ahmed Hamid Chitachni, cogérant du groupe Facebook Save Casablanca. Les habitants se sont mobilisés à travers des sit-in et des pétitions mais pour certains, les projets sont déjà lancés.

A Derb Sultan et malgré l’intervention et la volonté des jeunes de transformer ce jardin abandonné en lui redonnant vie pour le plus grand bonheur des riverains, le square devrait disparaître alors qu’il est le seul espace vert du quartier. Pourtant, il fait partie intégrante de l’histoire de la ville selon Ahmed Hamid Chitachni. «Le square Mohamed Ben Abdellah existe depuis quelque 150 ans et porte le nom du roi qui a reconstruit Casablanca au 17e siècle donc il y a déjà une portée symbolique», indique-t-il. «Il est en plus bien entretenu par les riverains, il y a des bancs, des personnes âgées qui s’y retrouvent, des gens qui l’utilisent à bon escient. Pour ces habitants, c’est le seul moyen d’avoir un peu de soleil et de chlorophylle», poursuit-il.

Les Casablancais dénoncent également un autre projet, visant un troisième espace vert et qui n’aurait fait l’objet d’aucune communication. Ainsi, c’est au croisement des boulevards Bordeaux et Moulay Youssef qu’un projet visant un espace vert a débuté ces derniers jours, sans que l’arrondissement ou la commune n’indiquent ce qu’ils comptent réaliser. Pour certains riverains, il s’agit d’un «acharnement de certaines communes de Casablanca qui se livrent ces derniers jours à la chasse du moindre espace vert en vue de le transformer en béton».

Selon Saïd Sebti, président du réseau Casa Environnement, ces dernières années, «Casablanca n’a connu aucun nouveau projet destiné à la verdir à part le réaménagement de la corniche». «Heureusement, il y a eu des plaidoyers et donc de la préservation de jardins et d’espaces», ajoute-t-il, tout en déplorant l’absence de politiques locales qui vont dans le sens de création d’espaces verts. «Nous sommes contre toute attaque d’espaces verts au sein de la ville et demandons qu’il y ait une politique claire pour en créer davantage, car les Casablancais souffrent de ce manque. Il faut protéger les acquis dans ce sens».

Les espaces verts manquent, en effet, cruellement dans la capitale économique. Les Casablancais ont vu les rares espaces verts de la métropole se dégrader et rétrécir au fil des décennies. Le constat aujourd’hui est alarmant: Casablanca est loin de répondre aux standards internationaux en termes de ratio d’espace vert par habitant.

En effet, la moyenne y est de moins de 1m2 par habitant alors que la norme internationale préconise 10 à 12 m2/ habitant en tant que seuil minimal. Au sein même de la ville, les disparités sont énormes. Ainsi, les chiffres parlent de 0,35 m2 à Hay Mohammadi contre 6/7 m2 dans des zones comme Californie et Anfa.

Articles similaires