L’ancien secrétaire général de la formation islamiste et ancien Chef du gouvernement ne veut pas attendre davantage pour revenir au premier plan.
Pas question de repousser d’une année le prochain congrès national ordinaire du Parti de la justice et du développement (PJD). Et si ce dernier franchit le pas au cours de son congrès extraordinaire prévu le samedi 30 octobre 2021 dans la ville de Rabat, il ne faudra alors plus compter sur lui. C’est en substance le message publié ce dimanche 24 octobre 2021 par Abdelilah Benkirane sur sa page Facebook.
Avec sa façon désormais habituelle de produire des textes signés de sa propre main et d’en diffuser la photo sur ledit réseau social, l’ancien secrétaire général du parti et ancien Chef du gouvernement s’est opposé à une proposition du secrétariat général. Pour quelle raison? M. Benkirane ne s’en est pas expliqué, mais déjà on voit là une confirmation de son intention de reprendre les commandes du parti, après avoir dû les céder en décembre 2017 à celui qui lui a également succédé à la primature, à savoir Saâd Eddine El Othmani.
Intention qu’il avait exprimée dès le mois de juin 2020 au média électronique qatari Arabi21, auquel il avait déclaré qu’il “ne veu[t] pas être considéré comme mort avant de [véritablement] mourir”. Paraphrasant, là, une citation que l’on prête à l’ancien leader nationaliste et secrétaire général du Parti de l’Istiqlal (PI), Allal El Fassi.
Précédente législature
Au demeurant, on rappelle que MM. Benkirane et El Othmani n’ont jamais vraiment été en odeur de sainteté l’un auprès de l’autre, se considérant presque comme des adversaires (lire n° 1220, du 21 au 27 juillet 2017). Ainsi, le lendemain de la déroute du PJD aux législatives, communales et régionales du 8 septembre 2021, où le parti a notamment perdu 112 des 125 sièges dont il disposait au cours de la précédente législature pour ne plus en avoir que 13, M. Benkirane demandait à M. El Othmani de démissionner, ce que ce dernier ainsi que les membres du secrétariat général feront d’ailleurs le jour même.
Et à l’évidence M. Benkirane souhaite que le passage de témoin se fasse au plus vite. Même si le congrès extraordinaire du 30 octobre 2021 répondait finalement à sa quasi injonction et précipitait le départ de M. El Othmani, rien ne garantit, toutefois, que M. Benkirane retrouve le poste de secrétaire général.
Certes, ce dernier semble continuer de jouir de la même aura qu’il avait au plus fort de sa popularité au sein notamment de la jeunesse, qui avant la pandémie de Covid-19 l’invitait régulièrement à s’exprimer à ses meetings en le présentant comme un “leader international”, mais cela n’est pas nécessairement le cas auprès des “faucons”, c’est-à-dire les caciques. En plus, M. Benkirane n’aura pas la voie complètement libre.
Parmi ses adversaires, on annonce notamment l’ancien président du conseil national et ancien maire de Fès, Driss El Azami El Idrissi, l’ancien maire de Salé et ancien directeur de cabinet de M. El Othmani, Jamaâ El Moâtassim, et l’ancien maire de Casablanca, Abdelaziz El Omari. Ce trio est connu pour appartenir au courant de M. Benkirane, mais en même temps chacun poursuit sa propre ambition.