Benkirane claque la porte du PJD: Position de principe ou manoeuvre?

Est-ce vraiment en raison du projet portant usages licites du cannabis que l’ancien Chef du gouvernement se retire de son parti de toujours?

C’en est donc, a priori, fini pour Abdelilah Benkirane au Parti de la justice et du développement (PJD), lui qui plus de neuf ans durant, de juillet 2008 à décembre 2017, en a été secrétaire général.

Par le biais d’une lettre manuscrite qu’il a partagée ce jeudi 11 mars 2021 sur sa page sur le réseau social Facebook, l’ancien Chef du gouvernement a officiellement gelé son adhésion à la formation, en arguant de l’adoption par le cabinet que dirige son successeur, Saâd Eddine El Othmani, du projet de loi portant usages licites du cannabis. Ce dernier a même vu son nom ainsi que ceux de son ministre d’État chargé des Droits de l’Homme, Mustapha Ramid, de son ancien ministre délégué chargé des Affaires générales, Lahcen Daoudi, de son ministre de l’Énergie, Aziz Rabbah, et de son ministre de l’Emploi, Mohamed Amakraz, figurer dans la lettre, M. Benkirane annonçant “couper [sa] relation avec” eux.

L’ancien “zaïm” islamiste n’en a pas dit plus sur les raisons qui l’ont amené à pointer ces personnalités du PJD en particulier, mais il était de toute façon, depuis son retrait officiel de la primature le 7 avril 2017, en mauvaise odeur de sainteté avec la quasi totalité de la nomenklatura du parti, exception faite de l’ancien ministre de la Communication, Mustapha El Khalfi, qui continuait de temps à autre à lui rendre visite à son domicile au quartier des Orangers dans la ville de Rabat.

La décision de M. Benkirane ne fait, en vérité, qu’acter un état de fait établi depuis plusieurs années déjà. Ce qui n’empêche que les conséquences pourraient être lourdes pour le PJD, où le concerné peut toujours se prévaloir de nombreux suiveurs.

Niet catégorique
Raison pour laquelle M. El Othmani a sans doute tenu à se rendre chez lui, le 9 mars 2021, pour le convaincre de revenir sur sa menace de mettre les voiles, qu’il avait rendue publique le 24 février 2021 à la veille de la première discussion du texte “incriminé” en conseil de gouvernement. Mais M. Benkirane lui a opposé un niet catégorique.

On rappelle que c’est à sa suite que le député-maire de Fès, Driss El Azami El Idrissi, qui lui est demeuré proche depuis qu’il avait été pendant plus de cinq ans son ministre chargé du Budget, avait rendu, le 26 février 2021, son tablier de président du conseil national.

À moins qu’il ne s’agisse que d’une manoeuvre politicienne visant principalement M. El Othmani, avec lequel M. Benkirane ne s’est jamais vraiment entendu, allant jusqu’à céder, sans résistance, le poste de ministre des Affaires étrangères que le premier cité occupait dans son premier gouvernement au président d’alors du Rassemblement national des indépendants (RNI), Salaheddine Mezouar. Il faut dire que M. Benkirane déclarait le 10 juin 2020, en reprenant une citation de l’ancien leader nationaliste Allal El Fassi, qu’il refusait d’“être considéré comme mort avant de mourir”. A voir donc.

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