Ben Barka aurait été un "espion" des services tchécoslovaques, selon The Guardian

L’affaire Mehdi Ben Barka continue de faire des remous, plus d’un demi-siècle après. Cette fois-ci, c’est le célèbre journal britannique The Guardian qui accuse l’ancien opposant marocain, dont la disparition le 29 octobre 1965 n’a pas encore été élucidée, d’avoir été un “espion” des services de renseignement tchécoslovaques. 

Dans un article paru le 26 décembre dans sa version dominicale, The Observer, le quotidien avance, en se basant sur des documents déclassifiés, que Ben Barka recevait des sommes d’argent contre informations qu’il fournissent à la Státní Bezpe?nost (StB), service de sûreté nationale dans la Tchécoslovaquie communiste. 

Le journal se base sur des recherches de l'universitaire tchèque, Jan Koura, qui aurait consulté 1500 pages des archives de la StB, puis les aurait recoupées avec d’autres documents sur la figure marocaine de l’anti-impérialisme, récemment déclassifiés. 

Les résultats de ce travail, publié en novembre dans la revue londonienne “Intelligence and National Security”, restaient très peu visibles, avant qu’ils ne soient repris par The Guardian.

De son côté, l’entourage de Ben Barka réfute ces allégations. Interrogé par le média britannique, Bchir, fils de l’ancien opposant, estime que les relations entretenues par son père avec les pays du bloc communiste étaient tout à fait normales et inscrites dans le cadre de la lutte universelle contre l’impérialisme et le colonialisme dans cette période historique. 

Les "débuts"

Ainsi, les supposés “liens” entre Ben Barka et les services tchécoslovaques auraient commencé en 1960, lorsque un agent de  l'ambassade de Tchécoslovaquie à Paris aurait affirmé à ses supérieurs avoir “contacté” l’opposant marocain, alors en exil en France. L’objectif des Tchécoslovaques aurait été de recueillir le plus d’informations possibles sur la situation interne au Maroc, mais aussi dans plusieurs pays d’Afrique et de Moyen-Orient, précise Koura, qui précise la StB ne classait pas Ben Barka comme un agent, mais “un contact confidentiel” qui lui aurait, toutefois, fourni des informations précieuses. 

Selon la même source, l’ancien opposant aurait reçu 1000 francs français contre des “renseignements” sur le Royaume en 1961. À l’international, les missions pour la StB "varient" : voyage en Afrique de l’Ouest pour collecter des informations sur la présence américaine dans la région, déplacement en Algérie pour sonder la situation dans ce pays fraîchement indépendant, et en Irak pour suivre de près le coup d'État de 1963. 

Ben Barka aurait même “collecté des renseignements” auprès de hauts responsables au Caire en faveur de la Stb, ajoute l’article de The Guardian, pour “aider” les soviétiques dans les négociations en marge de la visite du leader de l’URSS, Nikita Khrouchtchev, en Égypte. D’après Koura, les soviétiques auraient trouvé “utiles” ces informations auraient, ce qui aurait valu une bonne “récompense” à Ben Barka : des vacances pour lui et sa petite famille dans un spa en Tchécoslovaquie. 

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