Belgo-tête de turc

Driss Fahli Driss Fahli

Les enquêtes sur les  attentats perpétrés à  Paris, désignent la Belgique  comme le berceau  européen le plus actif du  radicalisme islamique. Le foyer le  plus concentré est Bruxelles. C’est en  effet dans cette ville qu’il y a le plus  de musulmans belgo-marocains,  belgo-turcs ou belgo-quelque chose.  Cette concentration se décuple par  endroits dans des proportions telles  qu’on a l’impression d’être à Derb  Omar, à Casablanca, quand on dépasse  la gare de Bruxelles pour errer  dans la rue de Brabant. Certaines  communes, comme celle de Molenbeek,  ont vite gagné leur réputation  de nids de candidats potentiels à la  radicalisation où il n’existe aucune  politique d’accueil ou «d’intégration  », un mot chargé de mal-sens  dont l’utilisation est presque toujours  inappropriée.

Dans la plupart de  ces communes ghettos, il existe des  jeunes de seconde, voire de troisième  génération d’émigrés à la dérive  qui constituent une proie de choix  pour les organisateurs de crimes en  tout genre et pour les incitateurs à  un transport religieux en aller sans  retour, à partir d’une station «nique  ta mère» et sans bagages religieux.  Selon Abdelilah Benkirane, 6,5  des jeunes belges sont marocains  c’est à dire nés d’au moins un parent  marocain, ou mieux encore, c’est des  belges rejetés en Belgique et marocains  composites au Maroc. En réalité  quand on se promène à Bruxelles,  on a l’impression, certes exagérée  mais réellement ressentie, qu’un  belge sur trois est marocain, algérien  ou tunisien. Que l’on prenne le bus, le  taxi, le métro ou le tram le chauffeur  est presque toujours un compatriote  qui a entretenu, développé et transmis  ou hérité au cours des générations des  bonnes et de mauvaises habitudes  bien de chez nous avec en prime un  nouveau et incompréhensible dogmatisme  religieux où le dogme est affolé  par la multiplicité des interprétations  fallacieuses qu’on lui donne.

C’est là où commence mon histoire.  En 1970, la maison Audi AG achète le  site de Volkswagen AG de Bruxelles. Ce  site de production opère depuis 2007  sous la raison sociale d’Audi Bruxelles  S.A. Une des clauses contractuelles  passées avec la ville pour la réalisation  de ce transfert étaient l’obligation  faite à Audi de recruter en priorité des  Bruxellois, c’est à dire là où il y a le  maximum de concentration de belgomarocains.  C’est ainsi que cette usine  se trouve maintenant avec plus de 70%  de son personnel ouvrier beaucoup  plus marocains, algériens, tunisiens  et musulmans rigoristes que belges en  fonction. Dès l’annonce de la prière, les  plus rigoristes abandonnent la chaîne  pour aller prier.

Les revendications  intègrent maintenant la disponibilité  d’un lieu de prières et d’ablutions, la mise en place de frigos halal, la  spécificité musulmane des tables  réfectoires d’où sont exclus les  mangeurs de porc et les femmes  (à qui on ne dit plus bonjour). Un  seul cadre est belgo-marocain, c’est  une femme ingénieur bardée de  diplômes et libérée dans sa belle  tête à chevelure non-voilée et sa  façon moderne d’être. Chaque fois  qu’elle passe dans les couloirs de la  chaine, elle est huée par ses compatriotes  d’origine pour la liberté  d’être qu’elle représente.  Audi, ne sachant plus à quel dieu  devoir se fier, a constitué un comité  de diversité pour venir à bout de  ce chaudron. Trois personnes sont  désignées: un rigoriste radical, un  musulman normal (ça existe) et la  femme cadre.

Le premier exige l’arrêt du travail  pour faire les ablutions et la prière  à l’heure de son annonce dans une  mosquée à construire à l’intérieur  de l’usine, le second dit qu’il peut  faire ses prières une fois chez lui  après le travail. La troisième dit  que c’est une affaire privée qui ne  regarde qu’elle et qu’elle est là pour  s’acquitter d’abord de son travail.  Trois approches différentes qui ne  résolvent rien et qui promettent des  lendemains tumultueux.  Les patrons allemands devraient  acheter une fatwa pour arranger  leur problème ou mieux encore,  transférer leur usine au Maroc où  la chaîne de production ne souffre  d’aucune interruption dogmatique  et laisser ses ouvriers bornés sur le  tas du chômage bruxellois.

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