Azoulay: L'oeuvre de Haïm Zafrani, une référence centrale dans l'histoire du Maroc

L’œuvre considérable de Haïm Zafrani (1922-2004) constitue une référence centrale à la fois dans notre histoire, dans notre culture, dans notre identité et dans notre mémoire, a affirmé, mercredi à Rabat, M. André Azoulay, membre de l’Académie du Royaume du Maroc.

Dans une déclaration à la presse en marge d’un colloque international organisé par l’Académie en hommage à Haïm Zafrani, M. Azoulay a relevé que “personne n’a travaillé avec la rigueur, la constance et la profondeur de Haïm Zafrani sur la diversité de notre pays tant au niveau culturel, spirituel et philosophique”.

Il s’est dit ravi de l’organisation de cet hommage à M. Zafrani par l’Académie à laquelle il a appartenu depuis sa création, tout en assurant que “cette initiative permettra au grand public de prendre la juste mesure de ce que nous a légué Haïm et de ce que son travail peut nous apporter”.

M. Azoulay a également estimé que cette initiative “nous incitera à approfondir et à relayer la démarche visionnaire et pionnière de Haïm Zafrani, initiée depuis le début des années 60 et qui reste une pièce centrale de notre déterminisme historique”.

De son côté, Elie Serge Zafrani, chercheur à l’Institut Pasteur à Paris et fils de Haïm Zafrani, a indiqué que son père était “extrêmement attaché” à Essaouira où il a travaillé en tant qu’instituteur avant d’exercer le même métier à Casablanca dans une école de dessin industriel et d’électricité.

Haïm Zafrani a milité pour l’indépendance du Maroc en 1956, ainsi que pour l’enseignement de la langue arabe dans les programmes des écoles de l’Alliance israélite universelle devenue Ittihad al Maghrib, a fait savoir Serge Zafrani.

En France, le défunt avait commencé son travail académique sur l’histoire des Juifs du Maroc et surtout sur les relations étroites entre les juifs et les musulmans aussi bien dans la vie culturelle, spirituelle et philosophique, a précisé Serge Zafrani.

Pour sa part, le secrétaire perpétuel de l’Académie du Royaume du Maroc, M. Abdeljalil Lahjomri a indiqué dans une allocution à l’ouverture du Colloque que M. Zafrani, membre correspondant de l’Académie depuis 1991, est l’auteur d’une riche bibliographie sur le judaïsme au Maroc et dans les pays musulmans.

Il s’agit d’ouvrages de référence qui traite de l’histoire des juifs au Maroc tant sur le plan historique, sociologique, économique que juridique, a ajouté M. Lahjomri, notant que l’auteur s’est également intéressé aux affluents judaïques dans la culture marocaine et a accordé une grande importance au patrimoine juif dans toutes ses formes d’expression.

Sur le volet historique, M. Lahjomri a rappelé que le Maroc a continuellement émis des Dahirs et des lois qui organisent le travail des tribunaux hébraïques, notamment en matière de statut personnel et successorale, ce qui dénote de l’importance que le Royaume a toujours accordé aux Juifs du pays.

Le Maroc, terre de tolérance et d’ouverture et un carrefour du dialogue des civilisations et des religions, a toujours veillé a préserver la liberté de culte pour les juifs, à respecter leurs lieux de cultes et à préserver leur héritage culturel et religieux, a-t-il souligné, faisant savoir que cela a été consacré par l’inclusion de “l’affluent hébraïque” dans la Constitution de 2011.

Cet hommage est donc l’occasion pour l’Académie du Royaume de célébrer le pluralisme culturel et civilisationnel du Maroc à travers une conférence scientifique qui met en avant les apports de Haïm Zaafrani aux travaux de cette Académie, a poursuivi M. Lahjomri.

L’Académie du Royaume du Maroc consacre une journée d’hommage à l’éminent humaniste que fut Haïm Zafrani, historien dont l’un des principaux ouvrages s’intitule significativement “deux mille ans de vie juive au Maroc. Histoire et culture, religion et magie”.

Ce chercheur et pédagogue infatigable a conçu et rédigé ses livres et ses articles en se fondant sur une profusion d’archives et de toutes sortes de documents, notamment en hébreu. Ses publications, basées sur une approche scientifique rigoureuse, sont devenues depuis leur parution autant de références incontournables pour les chercheurs du monde entier travaillant sur le judaïsme marocain.

L’hommage qui lui est rendu par l’Académie du Royaume du Maroc en sa qualité de membre correspondant est l’occasion tant d’un retour sur ses travaux que de communications portant sur divers thèmes ayant trait aux Juifs marocains, à leurs conditions de vie dans les villes et les campagnes du pays, aux apports inter-communautaires et à l’esquisse d’un état des lieux et des perspectives de recherches sur le judaïsme marocain.

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