Après avoir stagné autour de 17 dirhams, les prix de la volaille ont soudainement grimpé pour atteindre 27 dirhams le kilogramme. Cette hausse vertigineuse a pris de court les consommateurs, qui se sont tournés vers les viandes blanches en réaction à la flambée des prix des viandes rouges, particulièrement la viande ovine qui a atteint 150 dirhams le kilogramme.
La montée en flèche du prix du poulet est imputable à trois facteurs, nous explique Mustapha Mountassir, président de l’Association nationale des producteurs de volailles (APV). Notre interlocuteur relève que ‘‘le rendement du poussin est fortement affecté en raison de la succession d'épisodes caniculaires que traverse le Royaume’’. D’après lui, les éleveurs du poulet de chair avaient l’habitude d’obtenir une volaille pesant 2,300 kg en l’espace de 40 jours d’élevage. Toutefois, la hausse des températures a ralenti la croissance des poussins, qui ne dépassent désormais plus 1,900 kg au terme du cinquantième jour, précise-t-il.
Le prix unitaire du poussin, indique-t-il, a quant à lui connu une augmentation de 75%, passant de 4 dirhams à 7 dirhams. Le président de l’APV signale que les professionnels de la filière avicole ont de moins en moins confiance pour développer leurs investissements dans ce secteur. Cela s’explique notamment par le manque d’intervention du ministère de tutelle, qui laisse les producteurs confrontés à la hausse des prix des intrants et aliments composés, lesquels se négocient en ce moment à 4,20 dirhams le kilogramme.
Par ailleurs, le changement des habitudes de consommation a créé un déséquilibre entre l’offre et la demande au niveau des points de vente à travers le Royaume. ‘‘Actuellement, la demande dépasse largement l’offre et les vendeurs font face à une forte demande émanant à la fois des particuliers et des professionnels, notamment les traiteurs dont l’activité connaît une forte progression pendant les vacances d’été’’, fait-il remarquer. Néanmoins, ‘‘les prix devraient baisser à 22 dirhams le kilogramme à condition que le niveau des températures demeure inférieur par rapport au mois dernier’’, nous dit-on.
Il convient de rappeler que le secteur de l’aviculture ne bénéficie pas de subvention du ministère de l’Agriculture. Pour rappel, en février 2024, le ministre de l’Industrie et du Commerce, Ryad Mezzour, avait affirmé que les éleveurs de volailles étaient subventionnés. Cependant, par le biais d'un communiqué, l’Association nationale des éleveurs de poulet de chair (ANPC) a infirmé les allégations du ministre, précisant qu’aucun montant n’a été débloqué pour aider les professionnels de la filière.