Pour lire « Aveux tactiles », il est plutôt conseillé de s’asseoir confortablement pour mieux déguster ses poèmes faits d’amour, de tristesse et d’un brin de nostalgie. Un regard sur soi et sur l’autre, sur la vie et ses vicissitudes.
Addelouahhab Errami renoue avec le monde des lettres en publiant, courant janvier 2021, un nouveau recueil de poèmes intitulé «Aveux tactiles», publié en janvier 2021 par les Editions L’Harmattan. Ce recueil est un hommage rendu à la vie, au désir et à la mort, entre visions du quotidien, humour et mysticisme. Un regard autre, simple et tumultueux à la fois, sur sa propre existence et celle de l’autre, porté par des mots et des lettres que seule l’âme affranchie de toute restriction matérielle de la vie pénètre. L’auteur jouit de cette déesse liberté qui le délivre de toute angoisse et l’invite à une quête intérieure. Il a la grâce de produire de beaux vers qui n’ont pas manqué de séduire Michel Cassir, directeur de la Collection de poésie Levée d’Ancre aux Editions L’Harmattan. «Errami marque déjà la poésie contemporaine marocaine», lance-t-il.
Dimensions de créativité
«Que recherche au fond Abdelouahab Errami, sinon aller aussi vite que les mots qui recréent un monde à hauteur des sens, qui respirent les corps et les esprits enfin réunis dans leur élan. Mais au-delà, ils recréent le mouvement des yeux embués par le voyage à travers des lumières déformantes, imprégnés de réel amer et enjoué (…) Le poète lui s’amuse de tout et élargit ses désirs par l’effet levier de l’imaginaire. Mourir, ressusciter, aimer, être aimé, même sans trop y croire. Il évoque, avec la même tendresse ou ironie, fleurs, prophètes ou amoureuses», lit-on dans la préface du recueil signé par le grand poète français et dans laquelle il soulève la profondeur des oeuvres poétiques de Abdelouahhab Errami.
En sus d’être romancier et poète, l’auteur de «Aveux tactiles» est professeur de l’enseignement supérieur à l’Institut supérieur de l’information et de la communication (ISIC) à Rabat, chercheur et traducteur. Il a obtenu en 2019 le Grand Prix Orient-Occident des Arts et des Sciences lors du Festival international de poésie en Roumanie. Une biographie expresse qui ne révèle pas vraiment les linéaments d’un homme de lettres et de l’artiste complet qu’il est.
«Depuis que j’ai eu conscience de la poéticité émanant des êtres et des choses, je me suis essayé à l’exprimer en passant, comme tous ceux voués à l’expression sublime, par une phase d’expérimentation jusqu’à arriver à une certaine maturité. Mais, en fait, mon vrai rapport à la langue française est né tardivement, après l’obtention de mon baccalauréat. Avant, j’étais plutôt dans l’apprentissage et non l’expression », confie-t-il.
Pour ce qui est de sa poésie en langue française, le déclic fut quand Abdelouahhab Errami a traduit lui-même ses poèmes de l’arabe vers le français pour participer au festival international de poésie en Roumanie en 2004 et dont il a eu le grand prix en 2019. «Entre-temps, j’ai écrit plusieurs poèmes dans la langue de Molière, avec une sensibilité qui les rapprochent de ma fibre de poète en langue arabe, ma première langue d’expression poétique.
Avec le français, je suis dans d’autres dimensions de créativité et il semble que chaque langue a son propre génie et c’est ce qui me donne l’occasion de m’énoncer autrement que par ma langue «maternelle» si l’on peut caractériser ainsi la langue arabe classique », conclut le poète.