Au moins 18 journalistes emprisonnés en Egypte

L'Egyptien Ibrahim al-Darawi - © Photo : AFP
L'Egyptien Ibrahim al-Darawi - © Photo : AFP
Au moins 18 journalistes, essentiellement accusés d'appartenir à la confrérie islamiste du président Mohamed Morsi destitué en 2013 par l'armée, sont emprisonnés en Egypte, un nombre record, a estimé jeudi le Committee to Protect Journalists (CPJ)

"Sur 18 journalistes derrière les barreaux au 1er juin (2015), plus d'un tiers ont été condamnés à la prison à vie", souligne dans un rapport l'organisation internationale de défense de la presse basée à New York.

Depuis qu'il a destitué le premier chef de l'Etat élu démocratiquement en Egypte, l'ex-chef de l'armée Abdel Fattah al-Sissi, élu président en 2014, dirige un régime qualifié par les organisations de défense des droits de l'Homme de plus répressif que celui de Hosni Moubarak, chassé du pouvoir en 2011 par une révolte populaire dans la lignée des printemps arabes.

Plus de 1.400 manifestants pro-Morsi ont été tués en quelques semaines après la destitution de M. Morsi, et plus de 40.000 personnes, essentiellement des membres ou sympathisants de la confrérie des Frères musulmans, sont emprisonnés, selon Human Rights Watch (HRW).

Plusieurs centaines ont été condamnées à mort --dont M. Morsi et des responsables des Frères musulmans-- dans des procès de masse expédiés souvent en quelques minutes et qualifiés par l'ONU de "sans précédent dans l'Histoire récente".

Après avoir réprimé de manière implacable les Frères musulmans, qui avaient remporté toutes les élections entre la chute de Hosni Moubarak et la destitution de M. Morsi le 3 juillet 2013, le pouvoir s'en est pris à l'opposition laïque et libérale, notamment à la jeunesse révolutionnaire de 2011.

"Le nombre de journalistes égyptiens en prison est le plus élevé jamais enregistré depuis que le CPJ a commencé à les recenser en 1990", assure l'organisation internationale dans son rapport.

"Ils ont été arrêtés pour des accusations allant d'incitation à la violence et participation à des manifestations illégales ou appartenance à des groupes interdits", assure le CPJ, et "la plupart travaillaient pour des médias en ligne".

La majorité des organes de presse jugés pro-Frères musulmans ou même proche de l'opposition laïque ont été inquiétés sinon fermés après la destitution de M. Morsi.

Et depuis, la quasi-totalité des médias égyptiens, publics comme privés, se sont fait les plus fervents supporteurs d'un Sissi très populaire.

"Sous couvert de mesures anti-terroristes, le gouvernement (...) recourt à des méthodes dures pour écraser tous ceux qui le critiquent", assure Sherif Mansour, coordinateur des programmes du CPJ pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord.

"La police et les procureurs abusent de leurs pouvoirs de détention préventive, qui les autorisent à maintenir jusqu'à deux années des personnes en prison sans procès", ajoute le CPJ, citant le cas "emblématique" du photographe de presse Mahmoud Abou Zeid, dit "Shawkan". Il est emprisonné depuis près de deux ans, vient seulement de se voir signifier des accusations et la date de son procès n'est pas encore fixée.

Le CPJ assure aussi qu'on lui a rapporté des cas de journalistes "tabassés et torturés" en prison.

© AFP

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