Attention à la Chloroquine à hautes doses

La communauté scientifique continue de s'écharper sur les protocoles de soin du COVID-19

Une étude brésilienne met en cause l’utilisation à haute dose de la chloroquine pour traiter le Covid-19, ce qui doit alerter les autorités sanitaires marocaines.

Bien que considérée comme le médicament le plus efficace qu’on connaisse pour l’heure pour traiter le Covid-19 et adoptée d’ailleurs par le Maroc depuis le 23 mars 2020 dans ses protocoles de soin, la chloroquine n’en continue pas moins d’alimenter la controverse voire la méfiance à son égard. Et ses critiques ont sans doute vu de l’eau ajoutée à leur moulin avec l’étude publiée ce 12 avril par une équipe de chercheurs brésiliens qui a révélé qu’elle avait dû suspendre au bout de six jours seulement l’utilisation de la molécule sur un groupe de patients qui s’étaient portés volontaires pour se la faire administrer à haute dose pour une durée initiale de dix jours, à raison de 600mg deux fois par jour, après que onze de ces patients aient rendu l’âme.

Surtout, un grand nombre de ces derniers ont commencé à enregistrer des problèmes cardiaques; assez pour faire dire aux chercheurs que “la dose plus élevée de chloroquine (dose totale de 12 g sur 10 jours) dans le Covid-19 ne devrait pas être recommandée”. En ce qui s’agit par ailleurs des doses plus basses, de seulement 450mg également deux fois par jour, les chercheurs pensent qu’“il n’est toujours pas possible d’estimer un bénéfice clair de la chloroquine chez les patients atteints de syndrome de détresse respiratoire aiguë (SDRA) sévère”, mais en précisant bien que c’est dû au fait que le nombre de patients traités a été limité.

L’étude brésilienne devrait certainement faire encore parler d’elle à l’avenir, surtout qu’en attendant le développement d’un vaccin, qui doit encore nécessiter plusieurs mois en dépit des annonces faites ici et là par les compagnies pharmaceutiques de nombreux pays, la communauté scientifique est sans doute promise à s’écharper sur le meilleur protocole à adopter. Outre la chloroquine, les médecins ont également recours aux analgésiques -à hauteur de 56%, selon le baromètre Sermo publié le 2 avril-, et une étude australienne réalisée in vitro que l’on doit à l’Université Monash a avancé que l’ivermectine, un antiparasitaire, pourrait bien être encore plus efficace, puisque la charge virale du SARS-CoV-2, le virus responsable du Covid-19, baissait de 5.000 fois en deux jours seulement; mais ces résultats doivent encore être confirmés in vitro.

Le très controversé microbiologiste Didier Raoult, actuellement un des plus grands militants mondiaux en faveur de l’adoption de la chloroquine et soutenu par le président américain Donald Trump en personne le 19 mars dernier sur le réseau social Twitter, vient, pour sa part, de présenter une étude le 9 avril à l’occasion de la visite que le président français Emmanuel Macron a rendue à ses locaux de l’Institut MI à Marseille affirmant que 91,7% des patients traités à la molécule antipaludéenne n’enregistraient plus aucune charge virale au bout de dix jours.

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