L’on se rend donc à l’évidence que le pouvoir à Alger a déjà tenté de faire rallier à sa cause cette importante et très influente instance religieuse qui a pignon sur rue, mais malheureusement pour le président algérien Abdelmajid Tebboune et ses supérieurs hiérarchiques, le dessein n’a pas été atteint.
Tout ne va pas comme le souhaite l’establishment militaire algérien. La campagne de propagande anti- marocaine ne récolte pas l’adhésion de tous. Après avoir réussi à mobiliser partis, majorité comme opposition, les locataires d’El Moradia n’ont pas pu convaincre l’Association des oulémas musulmans algériens (AOMA) de s’aligner sur leur politique.
L’instance religieuse AOMA a exhorté les deux parties à la «désescalade», à privilégier la «stabilité» de la région et à «renforcer les liens d’unité et de fraternité», portant par là un coup sérieux à un pouvoir omnipotent et qui oblige toutes les parties à faire ce qu’il veut. Fondée en 1931, l’Association s’est montrée lucide et a mis en garde, dans un communiqué signé par son président, Abderrazak Guessoum et diffusé le 16 novembre 2021, le Maroc et l’Algérie de «tomber dans les pièges des ennemis qui visent à semer la discorde entre eux et à tuer des victimes innocentes».
Emotions destructrices
Elle a appelé «les universitaires et les intellectuels des deux pays à assumer leurs responsabilités, et ce, en prêchant le bien et en combattant le mal, afin de guider les peuples et les responsables pour qu’ils oeuvrent au calme et à la stabilité dans la région». En outre, l'Association des oulémas musulmans algériens, qui a fait fi de la demande du régime, a prié les deux peuples algérien et marocain de «ne pas se laisser entraîner dans des émotions destructrices dirigées par des cercles internationaux qui ne veulent pas du bien à la nation musulmane».
Pour rappel, le ministre de la communication algérien, Ammar Belhimer, avait reçu mardi 12 octobre 2021 à Alger une délégation de l’Association des oulémas musulmans algériens, conduite par Abderezzak Guessoum. Selon le communiqué du département algérien de la communication, «la rencontre tenue au siège du ministère a été une occasion pour mettre l’accent sur le rôle des médias face aux défis et aux hostilités auxquels fait face l’Algérie ».
L’on se rend donc à l’évidence que le pouvoir à Alger a déjà tenté de faire rallier à sa cause cette importante et très influente instance religieuse qui a pignon sur rue, mais malheureusement pour le président algérien, Abdelmajid Tebboune, et ses supérieurs hiérarchiques, leur dessein n’a pas été atteint. La position de cette association va aux antipodes de celle des chioukhs de la Tariqa Tijaniya en Algérie, qui ont repris la version officielle, accusant le Maroc d’être l’auteur de l’«assassinat de trois camionneurs» sur l’axe routier reliant Ouargla à Nouakchott. Ce n’est pas toujours gagné d’avance.