Al Qods n’est pas à vendre. La vallée du Jourdain fournisseuse d’eau potable n’est pas à coloniser. Les Palestiniens ont unanimement rejeté le plan de Donald Trump.
Un plan de paix américain pour régler totalement le conflit israélo- palestinien. On a envie de dire, encore un! Les précédents plans du même calibre ont lamentablement échoué. Le fait que ce plan soit signé par Donald Trump donne déjà à s’interroger sur sa faisabilité. Il a même été déclaré objectivement mort-né ce 28 janvier 2020 par les Palestiniens et les milieux pas spécialement pro-arabes. Depuis des mois, les réparties à propos de ce plan vont bon train. Le plan Trump est devenu une sorte de curiosité diplomatique des plus énigmatiques. Les questions se multiplient.
Que peut bien contenir ce plan qui incite aux bavardages à ciel ouvert, comme ces longues nuits du 25 et 26 juin 2019 au Bahreïn, où des Américains pourtant rompus à ce genre d’exercice, sont bien seuls dans ce palace de Manama?
Un État palestinien désarmé
À l’ordre du jour, le plan Trump. C’était suffisant pour que les Palestiniens quittent la table. Ce n’est que sept mois plus tard, mardi 28 janvier 2020, que le président américain a bien voulu bien prendre rendez-vous à Washington pour enfin révéler le contenu du plan qui porte son nom. Donald Trump est à l’évidence du genre à faire durer le plaisir. Son plan compte deux grands chapitres, l’un économique, l’autre politique couronné par une nouvelle cartographie de la région. Il ne donnera d’informations que sur le premier chapitre.
Cela ne veut pas dire que Donald Trump soit politiquement démuni, ou qu’il soit venu les mains vides. Sauf que les conditions qu’il exige militent plutôt pour une impraticabilité totale. Un État palestinien désarmé, qui ne conduit pas lui-même ses relations étrangères; si toutes ces exigences et d’autres encore sont remplies, il n’y aura tout simplement pas d’État. Forcément dans un pays où ce qui manque le plus, c’est l’espace vacant. On y vit dans un voisinage d’extrême proximité. En fait, la négation d’un État vraiment libre et indépendant. Les guerres successives et les exodes massifs de 1948 à 1973 en passant par 1967. Profitant des déplacements des populations, les Israéliens ont progressivement anéanti la possibilité d’un État viable. Il faut juste espérer que la grande Palestine du début du 20ème siècle renaisse de ses cendres en faisant valoir la carte des lieux d’avant 1967. Seul le volet économique sera largement évoqué. Un chiffre a fait l’affaire, 50 milliards de dollars sur 10 ans entre investissements et prises en charge d’équipements vitaux.
L’auteur de cette évaluation n’est autre que Jared Kushner, le fameux conseiller personnel et gendre de Donald Trump. Il paraît avoir supervisé l’élaboration de ce fameux plan, poussant le zèle jusqu’à lui donner un titre «de la paix à la prospérité». Les plus habitués à ce genre de promesses savent comment celles-ci peuvent fondre comme neige au soleil et à quel point elles n’engagent que ceux qui y croient.
Comme neige au soleil
Les sources américaines restent très floues sur l’origine des fonds. Aucun engagement financier précis ne s’est présenté. Pour les Palestiniens, pas question de parler d’argent sous couvert de développement économique, avant de régler le fond du dossier, forcément politique et concrètement territorial. Déjà dans sa mouture du 28 janvier 2020, le plan de paix a fait bondir Mohammad Shtayyeh, Premier ministre palestinien. Quant au président Mahmoud Abbas, il estime «que ce plan vise a protéger Trump de la destitution et Netanyahou de la prison, alors que les droits des Palestiniens ne sont pas à vendre.» Aucun membre de l’Autorité palestinienne ne s’est présenté à Washington. Une réaction facile à prévoir, dès lors que la décision a été prise de ne plus avoir de relation avec les Américains depuis le transfert de leur ambassade de Tel Aviv à Jérusalem en mai 2018, reconnaissant ainsi la ville trois fois sainte comme capitale de l’État juif. Elle le sera au nez et à la barbe de l’ONU. Et elle sera une et indivisible après une judaisation plus rapide que prévu.
Interminable conflit
Ainsi les juifs l’ont voulu; ainsi soit-il. Comme Par ailleurs et pour la petite histoire, la presse israélienne évoque le refus de Mahmoud Abbas de prendre au téléphone Donald Trump, lundi 27 janvier 2020. Une fois n’est pas coutume, les Palestiniens font front commun. Ils estiment que le plan Trump a pour objectif déclaré, l’enracinement des implantations israéliennes en Cisjordanie. Il est également prévu l’annexion par Israël de la vallée du Jourdain. Ce non accord est en fait une reddition sans conditions.
Selon Saeb Erekat, SG de l’Organisation pour la libération de la Palestine (OLP), ce texte «va transformer l’occupation temporaire en occupation permanente». Donald Trump, homme d’affaires prospère à l’américaine, a dû sacrifier à un mélange des genres, en chargeant Jared Kushner de lui concocter un plan de règlement définitif de l’interminable conflit israélo-arabe. Vite dit, vite fait. Comment ce plan a-t-il été accueilli par la presse et les États de la région et du monde? Un journal de notoriété internationale, comme Le Monde, a jugé, à juste titre, que ce plan était trop en faveur d’Israël, sans prendre compte des revendications palestiniennes.