Pour arnaquer ses victimes, il leur faisait croire qu’il détenait un important patrimoine sous forme de Bitcoins pour les pousser à convertir d’importantes sommes en monnaies virtuelles.
Aussi mystérieuses que dangereuses. Des qualificatifs qui collent bien aux crypto-monnaies, ces devises numériques très prisées par de nombreux Marocains. Un engouement dont profitent certains escrocs pour faire leur sale besogne. Dernière preuve en date, la nouvelle arnaque qui s’est récemment déroulée à Marrakech. Un individu d’un milieu aisé a réussi à subtiliser frauduleusement la bagatelle somme de 30 millions de dirhams à plusieurs hommes d’affaires résidant dans la Ville ocre et dans d’autres villes du Royaume, notamment Casablanca.
Pour arnaquer ses nombreuses victimes, il a savamment orchestré son plan. D’abord, en leur faisant croire qu’il avait des connaissances et compétences pointues de l’écosystème du Bitcoin et qu’il détenait un important patrimoine sous forme de monnaies virtuelles. Suffisant pour leur faire mordre à l’hameçon. Ne se doutant de rien, ces derniers le sollicitent pour des demandes de conversion d’importantes sommes en crypto-monnaies, sachant qu’un Bitcoin vaut actuellement environ 395.000 dirhams. Après avoir amassé toute cette fortune, le jeune escroc disparaît dans la nature. Ses “clients”, qui ont essayé d’entrer en contact avec lui en vain, ont décidé de porter plainte pour escroquerie.
Blanchiment de capitaux
Une affaire qui survient quelques jours après une nouvelle mise en garde de Bank Al-Maghrib, de l’Autorité marocaine du marché des capitaux et de l’Office des changes début avril 2022, sur les risques liés à l’utilisation de ces devises qui sont jusque-là interdites au Maroc. «L’utilisation des monnaies virtuelles est une activité non réglementée, caractérisée par une grande volatilité et dépourvue de toute protection pour le consommateur, d’autant que ce système semble attractif et simple d’utilisation », avaient déclaré les trois institutions dans un communiqué conjoint.
D’après elles, cette devise pourrait aussi être utilisée à des fins illicites, notamment le blanchiment de capitaux de financement d’activités criminelles. «Les autorités financières exhortent les personnes concernées à se conformer strictement à la réglementation en vigueur en la matière. Bank Al-Maghrib et l’Office des changes interdisent de tels procédés afin de protéger le citoyen contre toute dérive ou pertes financières», avaient-elles indiqué.
Cet avertissement de ces institutionnels est loin d’être anodin, parce que les scandales liés à la monnaie virtuelle se développent de plus en plus dans le Royaume. La Brigade nationale de la police judiciaire (BNPJ) de Casablanca avait arrêté et déféré, le 21 janvier 2021, une bande de treize personnes, dont un ingénieur informaticien, qui s’activait dans le change illégal de devises et le transfert de devises numériques.
A leur grande surprise, les enquêteurs ont découvert, au cours de leurs investigations, que ce groupe, qui avait élu domicile dans un appartement sis dans la commune d’Oued Azzouz, dans la province de Nouaceur, était dirigé par un agent de police de Casablanca qui arrêtait les victimes lors de rondes avec le groupe qui se faisait passer pour une brigade. Et une fois à son domicile, les malfrats saisissaient tous ses portables et ordinateurs et la forçaient à leur fournir les mots de passe, avant de transférer les sommes de cet appareil vers leur compte bancaire.