Le gouvernement creuse le fossé qui le sépare de ceux qui sont censés constituer son ‘’fonds de commerce’’, ne serait-ce qu’à l’occasion éphémère d’une échéance électorale. Il ne s’intéresse pas aux appels de détresse sur les médias sociaux de milliers voire de millions de Marocaines et de Marocains.
La fin de la pandémie n’est pas pour demain. Mais le capital-confiance dont jouit encore le gouvernement expirera bientôt. Le gouvernement ne prend que des mesures qui aggravent la situation économique, sanitaire et sociale du pays et creuse le fossé qui le sépare de ceux qui sont censés constituer son ‘’fonds de commerce’’, ne serait- ce qu’à l’occasion éphémère d’une échéance électorale.
Il ne s’intéresse pas aux appels de détresse sur les médias sociaux de milliers voire de millions de Marocaines et de Marocains qui franchissent des lignes rouges parce qu’ils en ont marre. Parce qu’ils ont perdu le sens de la retenue à cause de la faim et du besoin. Parce qu’ils n’en peuvent plus. Parce qu’ils ont épuisé tous les moyens visant à attirer l’attention des gouvernants sur leur sort.
D’autant plus que leur angoisse augmente chaque fois que le gouvernement prend des mesures antipopulaires et paupérisant une très grande frange de la population qui vit dans la misère et de l’informel. Le gouvernement a mis à l’arrêt la machine économique et a condamné des milliers de petites entreprises à mettre la clé sous le paillasson. Il a pourtant permis, en parallèle, le fleurissement de certaines activités (distribution, transport, désinfection, laboratoires d’analyses, cliniques privées, finance…) qui appartiennent à une race d’hommes d’affaires à la carapace robuste. Ces secteurs d’activités ne font pas vivre, indirectement, les travailleurs de l’informel.
A propos, l’informel ne peut être considéré comme une activité illégale tant que l’Etat n’aura pas créé ou assuré de l’emploi à tous ceux qui en dépendent pour survivre. L’ère de l’hypocrisie est finie. La pandémie a dénudé cette réalité choquante qui fait que plus de 5 millions de familles vivent en marge, n’ont pas de sécurité sociale et ne comptent pas dans les stratégies triennales, quinquennales et décennales des gouvernements qui se sont succédé.
Aujourd’hui, c’est cette catégorie oubliée et privée des aides étatiques (sans parler de la classe moyenne détruite et croulant sous le poids des dettes et des impôts et taxes) qui crie haut et fort sa peine et son déchirement. Elle demande l’intervention du Roi Mohammed VI. Difficile de feindre de ne pas l’entendre. Difficile de passer outre leurs souffrances. Difficile de voir pleurer un père de famille digne. Difficile de voir un homme, qui avait dans un passé proche un emploi, un salaire, une maison et un foyer, tendre la main dans la rue, face à des visages arrogants et nonchalants à bord de leurs voitures de luxe.
C’est cette solidarité perdue qui fait que ces gens acceptent que leur dignité soit bafouée pour préserver celle de leur progéniture. Est-ce le Maroc que nous voulons? Tout le monde en appelle au Roi parce que tout le monde n’a plus confiance en ce gouvernement et en cette classe politique qui joue le rôle de figurants en attendant sa chance d’accéder au pouvoir et de vivre déconnectée d’un peuple écrasé qu’on croit, à tort, réduit au silence par des mesures et des décisions qui ne prennent pas en compte le volet social tout court.