Appels à la libéralisation du régime de change

Mohamed Boussaïd Mohamed Boussaïd

La flexibilité au nom de l’ouverture


Dirham. La politique du taux de change flexible préconisée par les autorités monétaires internationales sera-t-elle en mesure de booster, à elle seule, les exportations?

Bien que les exportations  marocaines, notamment  des produits manufacturés  enregistrent, «une croissance  significative», le Royaume n’en  n’as pas moins besoin de plus de  champions à l’export, nous disent  les experts de la Banque mondiale.  Dans leur récent rapport, publié  au début du mois d’octobre 2015,  passant au crible la performance  des exportations des pays de la  région Moyen-Orient Afrique du  Nord (MENA), ils analysent pourquoi  les pays de la région ne sont pas  parvenus ces vingt dernières années  à faire décoller leurs exportations,  comme c’était le cas pour les autres  régions dites émergentes. «L’absence  de poids lourds de l’exportation  au sommet de la distribution des  entreprises exportatrices traduit,  disent-ils, l’échec de la région MENA à pousser énergiquement les réformes  du commerce et de l’environnement  des affaires».

Cette situation, poursuivent-ils, «n’est  que la résultante d’une combinaison  de facteurs structurels et politiques,  dont l’absence d’un taux de change  réel compétitif». Résultat: cette  situation ne peut qu’engendrer des  «effets négatifs sur l’augmentation du  volume des échanges d’une entreprise  et l’introduction de nouveaux produits  et marchés».

Une option incontournable
Le rapport de la Banque mondiale  suggère ainsi aux gouvernements des  pays du Moyen Orient et de l’Afrique du  Nord, y compris le Maroc, d’améliorer  considérablement leur environnement  des affaires pour favoriser l’émergence  d’entreprises jeunes et performantes  et attirer des entreprises étrangères productives. Ils recommandent aux  gouvernements de ces pays de réduire  les coûts du commerce, en améliorant  la qualité des infrastructures et de  la logistique, tout en rationnalisant  les procédures d’exportation, sans  oublier de réduire les tarifs frappant  les produits intermédiaires importés.  Mohamed Boussaïd, ministre de  l’Économie et des Finances saura-t-il  faire face à tous ces défits ?

Le rapport de la Banque mondiale  recommande également de viser  un taux de change plus flexible  qui aidera les entreprises à devenir  plus compétitives sur les marchés  extérieurs. L’adoption d’un régime de  change flexible figure aussi comme  une option incontournable du rapport  «Maroc: Stratégie de croissance à  l’horizon 2025 dans un environnement  en pleine mutation», élaboré  conjointement par Karim El Aynaoui,  directeur de l’OCP Policy Center, et  Pierre Richard Agenor, économiste,  professeur à l’Université de  Manchester. Une option que partage  également Abdellatif Jouahri, Wali de  Bank Al Maghrib, qui considère que le  régime flottant est «plus adapté à la  politique d’ouverture de l’économie  marocaine».

Reste à savoir comment les autorités  monétaires vont pouvoir gérer la  période de transition allant d’un  régime de taux de change fixe (régime  d’ancrage du dirham fixé sur un  panier de devises, réparti à 60% en  euro et 40% en dollar US) à un régime  de change flottant . Surtout lorsqu’on  sait que la difficulté de cette transition  vers plus de flexibilité du taux de  change de la monnaie nationale  viendra, entre autres, de la définition  du niveau d’inflation souhaitable. La  libéralisation du régime de change  n’est donc pas la panacée.

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