Au Maroc, on assiste à l’émergence d’un nouveau profil d’hommes d’affaires lauréats de grandes écoles américaines ou nord-américaines ou ayant fait leurs études supérieures dans la langue de Shakespeare. Mais ce n’est malheureusement pas le cas de tous les patrons imprégnés de la culture francophone.
Jugeons-en. D’après le bilan du quatrième trimestre 2022 du commerce extérieur, publié en mars 2023 par l’Office des changes, les exportations du Maroc vers l’Europe représentent 67%, 13% vers l’Asie et près de 7% vers l’Amérique (Etats-Unis, Canada, Brésil…) et 9% vers l’Afrique (dominée par les pays francophones du Maghreb. La première remarque qui se dégage est que le marché de l’Union européenne continue d’être le premier et le principal partenaire commercial du Royaume et que les opérateurs marocains peinent encore à conquérir ou à percer les marchés nord-américains et asiatiques ou même ceux des pays anglophones de l’Afrique de l’ouest.
Pendant longtemps et jusqu’à un passé récent, au sein même de la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM), on évoquait la langue anglaise comme un principal obstacle pour la conquête de ces marchés. C’est dire que nos opérateurs économiques sont plus francophones qu’anglophones. La maîtrise de la langue française et la proximité de la culture de l’Hexagone pousse encore nombre d’hommes d’affaires à privilégier ce marché en particulier.
Ce n’est pas pour rien que la France continue d’être, presque au même titre que celui de l’Espagne, la plus grande destination européenne des échanges commerciaux du Royaume. Aujourd’hui, il est vrai, ce problème se pose avec moins d’acuité du fait de l’émergence d’un nouveau profil d’hommes d’affaires lauréats de grandes écoles américaines ou nord-américaines ou ayant fait leurs études supérieures dans la langue de Shakespeare. Mais ce n’est malheureusement pas le cas de tous les patrons.
Une condition sine qua non
L’adoption de la langue anglaise est devenue une condition sine qua non pour améliorer la compétitivité du pays et sa présence sur le marché mondial par la diversification des destinations de nos biens et services. La maîtrise de la langue anglaise est également primordiale pour attirer des investisseurs étrangers, américains, asiatiques et africains, à la recherche de partenaires locaux en vue d’un partenariat sur le long terme. Quarante-trois ans de colonisation française ont suffi pour faire dominer la langue de Molière sur le paysage linguistique marocain.
Parler français procure même une certaine autorité morale dans le monde des affaires et dans l’administration publique. L’avènement de la mondialisation et la disparition des frontières à travers les accords de libreéchange imposent aujourd’hui que le français cède la place à un anglais fort et puissant, la langue du commerce, de la technologie, de l’industrie et des services, qui prédomine chez le ghota du business. Les Marocains sont connus pour avoir une habileté à apprendre les langues étrangères. Les hommes d’affaires ont tout l’intérêt de développer un trilinguisme (anglais/arabe/français) nécessaire pour se faire une place sur les marchés émergents asiatiques et les marchés américains développés.